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Affaire Navalny : l’Europe va-t-elle durcir le ton face à Moscou ?

L'Union européenne se réunit lundi 22 février pour discuter de nouvelles sanctions contre la Russie dans l’affaire Navalny.

Article rédigé par franceinfo, Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'opposant russe Alexeï Navalny au tribunal de Moscou (Russie), le 20 février 2021. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

La relation entre l’Europe et la Russie est très tendue depuis l'emprisonnement de l'opposant Alexei Navalny. La peine de l’opposant a été confirmée ce week-end et il risque d'être transféré dans un camp de travail. Les ministres européen des Affaires étrangères se réunissent lundi 22 févrierpour discuter de nouvelles sanctions.

Le nouveau chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, se connectera à la réunion (où il sera également question de la Birmanie). Une manière pour les États-Unis de montrer qu'ils renouent avec l'Europe car la Russie et l'emprisonnement de Navalny est un dossier important pour Bruxelles, comme pour Washington.

Nouvel outil de sanctions


Pour la première fois, les Européens devraient utiliser un nouvel outil : le régime de sanctions lié aux droits de l'homme. Un mécanisme qui permet de sanctionner un pays, n'importe où dans le monde, s'il viole gravement des droits de l'homme. Il a été créé il y a deux mois. Cet outil permet de cibler des personnes/entités ou des organismes, étatiques ou non, responsables de graves violations des droits de l'homme ou liés à ces violations. Les personnes ciblées peuvent être interdites d'entrer sur le territoire européen, ou leurs avoirs gelés. Depuis l'Europe, il sera également interdit de mettre des fonds à leur disposition. Une réponse "froide et structurée", selon diplomate européen.

Ces sanctions doivent être prises à l'unanimité ce qui pourrait être le cas, malgré les divergences entre pays européens vis-à-vis de la Russie. Certains, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban, sont très proches de Vladimir Poutine. Mais, en octobre, avant la création de ce régime, des premières sanctions avaient déjà été prises contre six hommes du président Poutine. Et les 27 étaient unis dans cette décision.

Relations tendues

Cela fait plusieurs années que les relations entre l'Europe et la Russie sont tendues. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell estime même que "la Russie se déconnecte progressivement de l'Europe". Il faut dire qu'au début du mois, il a été humilié par la Russie. L’Européen s’est rendu à Moscou pour demander la libération de Navalny (en vain) et au même moment, le Kremlin a renvoyé plusieurs diplomates européens qui ont participé à des rassemblements de soutien à l'opposant. La tension entre l'Union européenne et la Russie est cependant plus ancienne. Le tournant a été l'année 2014 et l'annexion de la Crimée par les Russes. L'Europe impose depuis des sanctions économiques. En 2019, il y a eu une nouvelle série de sanctions. Cette fois suite à l'empoisonnement de l'agent-double Skripal en Angleterre. L'affaire Navalny vient assombrir des rapports déjà nuageux.

Si on a l'impression que ces sanctions ne servent à rien, c’est peut-être parce qu'avec la Russie, il faut faire un travail d'équilibriste. Il est simple de faire monter la pression, mais la désescalade est plus difficile. Les 27 font donc très attention, ils ne veulent pas couper tous les ponts. La Russie est un partenaire incontournable sur la scène internationale. En Syrie, en Libye, en Iran etc. C'est aussi un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Il y a également beaucoup d'échanges et de coopération économique entre l'Europe et la Russie. En termes de ressources énergétiques, Moscou est essentiel : un tiers du gaz consommé en Europe vient de là. Un des leviers économiques pour faire plier Vladimir Poutine dans le dossier Navalny serait de suspendre le grand chantier du gazoduc Nordstream II, qui relie la Russie à l'Allemagne. La France le réclame mais Berlin s'y oppose. Difficile d'être unanime et d'approuver une approche musclée face au géant russe.

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