Aux Pays-Bas comme dans d'autres pays européens, l'extrême droite abandonne l'idée de sortir de l'UE

Le "Nexit" ne fait plus partie du programme du PVV, le parti anti-immigration et eurosceptique. Illustration d’une tendance européenne : les partisans d’un détricotage de l’Union européenne se font discrets.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Geert Wilders du parti néerlandais PVV, à la Haye, aux Pays-Bas, le 14 février 2024. (SEM VAN DER WAL / EPA/ANP)

Un discret changement de cap pour l'extrême droite aux Pays-Bas. À quasiment deux mois des élections européennes, le 9 juin prochain, les partis commencent à publier leurs programmes.
Surprise, dans celui de l'extrême droite néerlandaise : il n'est plus question d'une sortie de l'Union européenne. Pourtant cette promesse figurait jusqu'ici dans tous les manifestes du PVV, le parti de Geerts Wilders, l'homme à la crinière argentée, qui domine la vie politique néerlandaise, arrivé en tête des dernières élections dans le pays. 

Cette tendance va bien au-delà des Pays-Bas. En Europe, nombre de partis populistes, à l'image du Rassemblement national, en France, préfèrent finalement rester dans l'Union européenne. Le parti de Marine Le Pen ne parle plus de Frexit depuis 2017, encore moins de retour au franc. En Allemagne, l'AFD, qui siège dans le même groupe que le RN au parlement européen, a aussi mis en sourdine ce sujet. En Finlande, le parti populiste de droite reste très critique des "élites de Bruxelles", mais ne met plus en avant un éventuel départ. Et puis en Italie, Giorgia Meloni, à la tête d'un gouvernement qui mêle les nationalistes et les conservateurs, joue le jeu européen. Elle s'est même affichée avec la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, loin, bien loin des promesses de radicalité.

Le Brexit : une véritable contre-publicité


Pour expliquer cette tendance, il y a d'abord le repoussoir du Brexit. La sortie du Royaume-Uni, entérinée il y a quatre ans, ne s'est pas soldée par la prospérité promise par ses partisans. Pas de miracle au bout du tunnel. Une sorte de contre-exemple, qui amène les europhobes à faire profil bas. Il y a aussi des raisons plus tactiques. Aux Pays-Bas, l'extrême droite est en négociations avec d'autres partis pour former un gouvernement. Il lui faut donc montrer un visage présentable pour ne pas faire échouer les tractations.


La guerre en Ukraine pèse aussi sur les opinions publiques. Est-ce vraiment le moment de s'isoler, compte tenu du contexte géopolitique ? Pas si sûr. Les mouvements populistes en Europe préfèrent finalement s'inspirer de Viktor Orban, le dirigeant hongrois, très virulent à l'égard de Bruxelles, n'a pas pour autant l'intention de quitter l'Union européenne. Il préfère tenter d'y influer de l'intérieur. Avec l'espoir que les élections européennes à venir renforceront les rangs des nationalistes. Autrement dit, pourquoi quitter une bataille, quand vous êtes en train de gagner du terrain ?

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