Canicule en Grèce : le stress thermique est plus meurtrier que les ouragans ou les inondations

Attention aux canicules précoces. En Grèce, trois touristes étrangers sont morts en une semaine, trois autres sont portés disparus. Six heures d'exposition à 35°C avec un taux d'humidité de 100% suffisent à tuer une personne en bonne santé.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des touristes devant l’ancienne colline de l’Acropole lors d’une chaude journée à Athènes le 12 juin 2024. (STRINGER / AFP)

C'est difficile à croire quand on voit le temps qu’il fait sur une bonne partie de la France, mais on attend 37°C encore ce mardi 18 juin à Athènes, avec un ressenti de 40°C. Le thermomètre est pourtant redescendu par rapport à la semaine dernière, où l'on a enregistré 42°C dans la capitale et jusqu'à 44°C dans le Pélopponèse.

Les écoles ont fermé deux jours, les autorités ont demandé aux entreprises de privilégier le télétravail, mais certains touristes se sont malgré tout aventurés sur les sentiers de randonnée. Trois d'entre eux y ont déjà laissé la vie, victimes d'insolation ou de malaise, dont un Britannique, médecin et star du petit écran. Son corps a été retrouvé le 9 juin sur l'île de Symi par une équipe de télévision venue filmer le lieu de sa disparition.

Un Américain et deux Françaises de 63 et 74 ans sont toujours recherchés dans les Cyclades. Le premier sur Amorgos, les deux autres sur Sikinos, qui compte moins de 200 habitants. Vendredi, l'une des deux femmes avait envoyé un message au propriétaire de son hébergement, expliquant qu'elle était tombée et ne se sentait pas bien. Depuis, plus de nouvelles.

Fermetures de sites de plus en plus précoces

En raison de la chaleur, plusieurs sites touristiques comme l'Acropole ont dû fermer partiellement : les portes sont restées closes de 12h à 17h. En soi ces fermetures n'ont rien d'inhabituel. Quand les courbes de températures sont au plus haut, les Grecs sont désormais habitués à voir leur ministre de la Culture apparaître à la télévision et annoncer des restrictions d'horaires, pour protéger les travailleurs et les visiteurs. Sauf que normalement cela se produit plus tard. L'an dernier, la première canicule de l'été, certes exceptionnelle par sa durée (deux semaines), n'est arrivée qu'à la mi-juillet. Cette fois-ci, il s'agit de la vague de chaleur la plus précoce jamais enregistrée.

D'autres pays ont aussi enregistré des décès ces dernières semaines en raison de la chaleur : l'Inde, où il a fait plus de 47°C, le Mexique qui déplore une cinquantaine de morts depuis mars, l'Arabie Saoudite, où le ministère de la santé a signalé plus de 2 700 cas d'"épuisement dus à la chaleur" sur la seule journée du 16 juin. Au moins 22 décès ont été rapportés par les autorités jordaniennes, iraniennes et sénégalaises.

C'est toujours pire quand l'humidité de l'air empêche la sueur de s'évaporer et l'organisme de réguler sa température : six heures d'exposition à 35°C avec un taux d'humidité de 100% suffisent à tuer une personne en bonne santé. Ce "stress thermique" est d'ailleurs bien plus meurtrier que les ouragans ou les inondations ou n'importe quel phénomène météorologique extrême. Quelque 500 000 personnes en sont victimes chaque année, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), qui précise que ces chiffres officiels sont très partiels. Ce bilan pourrait en réalité être 30 fois plus élevé.

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