Condamnation pénale de Donald Trump : déni, outrance et mensonges... le système de défense de l'ancien président américain ne change pas

Donald Trump est depuis jeudi le premier ex-président de l'histoire des États-Unis à être reconnu pénalement coupable, au terme d'un procès pour des paiements dissimulés à Stormy Daniels, une star de films X. Fidèle à ses habitudes, il dénonce une chasse aux sorcières.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ancien président américain et candidat républicain à la présidentielle Donald Trump s'adresse à la presse après avoir été reconnu coupable lors de son procès pénal devant le tribunal pénal de Manhattan, à New York, le 30 mai 2024. (JUSTIN LANE / POOL)

C'est une condamnation historique pour un ex-président américain. Donald Trump est donc reconnu coupable, mercredi 30 mai dans l’affaire "Stormy Daniels". La peine sera prononcée le 11 juillet, mais ce jugement ne l'empêchera pas d'être candidat à la présidentielle. Et ça ne surprendra personne, il reste fidèle à sa stratégie et dénonce un procès "truqué". 

Déni, outrance et mensonges, le système de défense de Donald Trump en fait n'a pas changé depuis 2016. Si on devait résumer ces six semaines de procès, il faudrait beaucoup plus que les deux minutes de cette chronique pour lister toutes ses invectives contre les juges, contre ses adversaires démocrates, toutes ses envolées complotistes dans le rôle qu'il joue le mieux depuis qu'il a perdu l'élection en 2020 : celui de victime. 

Un condamné "très innocent"

À la sortie du prétoire, le visage grimaçant, celui qui en une décennie a bouleversé la démocratie américaine parle donc logiquement d'un procès "truqué et honteux". Il assure qu'il n'a rien fait de mal, et se décrit en "homme (très) innocent", formulation assez incongrue. « C'est bon, je me bats pour notre pays », a-t-il déclaré M. Trump aux journalistes dans le couloir du tribunal, immédiatement après le verdict. « Nous nous battrons jusqu'au bout et nous gagnerons ».Combatif et levant le poing avant de s'engouffrer dans la Trump Tower, sur la cinquième avenue.

Fidèle à ses habitudes, il s'est aussi exprimé sur son réseau social, Truth Social, conçu comme une "alternative" conservatrice et républicaine à Facebook ou Twitter sur lequel il n'a jamais voulu revenir. Depuis jeudi soir, Donald Trump multiplie les posts écrits en majuscules avec points d'exclamation, parle de "chasse aux sorcières", de "juges corrompus" et d'"interférence dans l'élection".

Au tribunal, avant même de s'adresser aux journalistes, il a d'ailleurs pris son smartphone pour partager un appel de levée de fonds pour sa campagne, avec ces mots : "Je suis un prisonnier politique", expression utilisée pour ses partisans inculpés dans l'attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole. Le verdict a d'ailleurs déclenché un afflux de dons qui ont littéralement submergé jeudi la plateforme de collecte en ligne du parti républicain. Le site est resté inaccessible pendant au moins une demi-heure.

Aucun effet sur sa base électorale

Privé de campagne sur le terrain depuis mi-avril, Donald Trump s'est quand même servi de son procès pour capter l'attention médiatique. Ses arguments fonctionnent aujourd'hui auprès de sa base, galvanisée par le jugement. Les fidèles d'entre les fidèles crient au scandale, reprennent les éléments de langage de l'ancien président et jugent que sa condamnation injustifiée va le rendre encore "plus populaire aux yeux du peuple". Certains appellent même à descendre dans la rue pour le soutenir, convaincus que le verdict sera renversé en appel.

Il n'est pas dit que cette condamnation aura un impact majeur sur le corps électoral des républicains plus modérés. Il y a quelques jours, l'équipe de campagne de Donald Trump a publié une note de sondage montrant qu'une éventuelle condamnation n'aurait pas d'impact significatif sur le vote, la majorité des électeurs ne suivant pas le procès de près.

Le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson parle, lui, "d'un jour honteux dans l'histoire américaine".  Il s'agit du premier des quatre procès pénaux auxquels Donald Trump est confronté dans le cadre de sa nouvelle tentative d'accéder à la Maison-Blanche. Les autres auront vraisemblablement lieu après la présidentielle.

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