Des photos de vacances de Narendra Modi provoquent une crise diplomatique entre l'Inde et les Maldives

Les photos de vacances du Premier ministre Indien sur les îles Lakshadweep, ont été vécues comme une volonté de détourner les toursites des Maldives, par certains hommes politiques de l'archipel. Derrière cette querelle se cache en réalité des questions géopolitiques.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Indien Narendra Modi a posté sur les réseaux sociaux des photos de lui sur les îles Lakshadweep, archipel paradisiaque situé au sud de l'Inde, pas très loin des Maldives, le 4 janvier 2024. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Rien ne va plus entre l'Inde et les Maldives. À l'origine du gros "couac" diplomatique qui vient de se produire entre les deux pays, les photos de vacances du Premier ministre Narendra Modi.

Des photos de vacances sous forme de coup de comm' pour vanter le charme des îles Lakshadweep, archipel paradisiaque situé au sud de l'Inde, pas très loin des Maldives. Jeudi 4 janvier, Narendra Modi publie sur les réseaux des images où le voit marcher seul, sur le sable blanc d'une plage immaculée, assis nonchalamment dans un fauteuil en osier face aux eaux turquoises la brise tropicale ou encore en train de barboter avec masque et tuba face à des poissons colorés.

Il s'est vraiment donné du mal mais au moins grâce à lui l'office de tourisme local n'a pas eu besoin d'acheter des encarts publicitaires.

Narendra Modi traité de tous les noms

Cette méthode n'a pas du tout plu aux Maldives. L'archipel n'a pas très envie de se faire voler la vedette où le tourisme, majoritairement indien sur l'archipel, représente un tiers de son économie. Trois vice-ministres ont très mal réagi aux photos de Narendra Modi qu'ils ont perçues comme une tentative de détournement des flux touristiques. Ils n'ont pas pu se retenir le qualifiant de tous les noms : "clown""marionnette d’Israël", "terroriste" et j'en passe. Des propos qui ne reflètent pas l'opinion officielle de notre pays, dit le gouvernement qui les a suspendues, mais le mal était fait. Les Indiens qui ont comme leur Premier ministre une fibre nationaliste assez développée ont pris la mouche.

Aujourd'hui, les appels au boycott des Maldives se multiplient. Cela a commencé avec des acteurs de Bollywood et des joueurs de cricket, qui ont expliqué à leurs millions d'abonnés que pour leurs prochaines vacances ils iraient bronzer indien, car les Madives sont peuplées d'êtres beaucoup trop mal élevés.

Sous le hashtag #BoycottMaldives, certains internautes ont même posté des copies d'écran prouvant qu'ils avaient annulé leur voyage et EaseMyTrip, une plateforme de réservation qui représente près de 10% du marché des voyages en Inde, ne propose plus la destination à son catalogue "en solidarité avec notre nation". La Confederation of All India Traders, l'une des plus grandes organisations commerciales du pays, a également appelé ses membres à suspendre leurs relations commerciales avec les Maldives. Tous ces révoltés attendent des excuses... 

Pas seulement une question de tourisme

Le président des Maldives qui s'appelle Mohamed Mouizzou, fraîchement élu, a fait campagne pour un rapprochement avec la Chine et contre l’influence indienne qu’il juge trop importante. Il a d'ailleurs obtenu le retrait des militaires indiens qui stationnaient sur son archipel. Au moment où Narendra Modi se promenait sur sa plage en tongs, il était à Pékin en visite officielle. Les Maldives occupent une place stratégique dans une zone très convoitée de l'océan indien, New Delhi ne veut pas perdre la main. C'est donc aussi limpide que les eaux du lagon. La mise en scène de Narendra Modi en tongs sur la plage est bien une menace de rétorsion qui se cache derrière des airs de carte postale.

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