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Discrimination sexuelle : Google passe à la caisse

Quatre salariées estimaient que dans l'entreprise, à postes équivalents, les femmes étaient moins bien payées que les hommes. Le moteur de recherche américain a préféré négocier. Et payer 118 millions de dollars à titre d'indemnisations. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 92 min
Le siège social de Google à Mountain View (Etats Unis). (MAXPPP)

118 millions de dollars, c'est la somme que Google va payer aux États-Unis pour indemniser ses "salariées femmes" victimes de discriminationLa facture est salée mais c'est un accord à l'amiable, qui permet de refermer cinq ans de procédure et surtout qui évite de passer par la case procès.

La plainte collective était portée par quatre anciennes employées : Kelly Ellis, ingénieure logiciel, Holly Pease, responsable d'équipe, Kelli Wisuri, responsable marketing, et Heidi Lamar, enseignante au centre pour enfants de Google - situé lui aussi dans l'immense siège de Moutain View en Californie. Leur plainte a été reconnue comme action collective l'année dernière.

17000 dollars de moins chaque année

Les 4 anciennes salariées estimaient que dans l'entreprise, à postes équivalents, les femmes étaient moins bien payées que les hommes ; et qu'à expérience et qualifications égales elles étaient à des échelons moins élevés. Le géant américain aurait ainsi violé une loi locale, le California Equal Pay Act, en payant les femmes 16 794 dollars de moins à l’année par rapport aux hommes. 

Les plaignantes demandaient à l'origine 600 millions de dollars de dommages et intérêts. Grâce à elle, environ 15.500 salariées qui travaillent pour le moteur de recherche vont donc être indemnisées. L'accord, révélé vendredi 10 juin, doit encore être approuvé par un juge le 21 juin.

Cela ne veut pas dire que Google reconnaît sa responsabilité. Le groupe, au contraire, nie les accusations. Maintient qu'il s'est "pleinement conformé à toutes les lois, règles et réglementations", renvoie vers le code de bonne conduite de sa société-mère, Alphabet, selon lequel qu'elle "interdit strictement la discrimination ou le harcèlement illicites sur la base [entre autres] du sexe, de l'identité ou de l'expression de genre.

Google assure qu'il traite tous ses employés de manière juste et équitable et que s'il constate des différences de rémunérations, il procède aux ajustements nécessaires. Il se dit même très satisfait de cet accord. Il faut bien sauver la face. L'essentiel est de solder un différend juridique qui commençait à devenir inconfortable.

Ce n'est pas la première fois que Google est épinglé pour discriminations

En 2021, le moteur de recherche avait déjà payé 3,8 millions de dollars pour discriminations envers 2.565 femmes employées à des postes d'ingénieur, ainsi que près de 3.000 personnes, candidates féminines ou candidats d'origine asiatique, qui n'avaient pas été choisies pour de tels postes.

Google a déclaré que les discriminations avaient été détectées au cours d'une analyse interne de routine et que l'entreprise avait accepté de verser cette somme pour corriger la situation, tout en niant avoir enfreint la loi.

Cette fois il y a quand même du progrès : Google a aussi accepté, c'est dans l'accord, que pendant trois ans, deux experts indépendants analysent ses pratiques de recrutement et de rémunérations. L'entreprise devra suivre leurs recommandations, mettre en place un modèle plus égalitaire.

"En tant que femme qui a fait toute sa carrière dans l'industrie technologique, je suis optimiste quant au fait que les actions que Google a accepté de prendre dans le cadre de cet accord garantiront une plus grande équité pour les femmes", a déclaré Holly Pease dans un communiqué.

Dans la Silicon Valley, une culture sexiste

Mais le département californien de l'emploi équitable et du logement enquête également sur la société à la suite de plaintes pour harcèlement et discrimination potentiels à l'encontre d'employées noires.

La culture sexiste qui domine les industries technologiques de la Silicon Valley, majoritairement dirigées par des hommes, est de plus en plus dénoncée. Avec parfois des succès mitigés : les femmes qui poursuivent la société de logiciels Oracle se sont vu retirer leur statut d'action collective.

Mais les regards se tournent maintenant vers Nike, qui fait face à un procès dans les mêmes circonstances : une action collective, contre des faits de discrimination sexuelle, lancée en 2018. Si les plaignantes obtiennent gain de cause, 5 000 femmes supplémentaires pourront prétendre à une indemnisation.

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