En Afrique du Sud, des exercices militaires menés avec la Russie et la Chine provoquent l'irritation des Occidentaux
L’exercice Mosi 2 est en cours en Afrique du Sud. Sous ce nom de code, qui signifie "fumée" en langue sotho, se cache des exercices militaires menés au large de Durban, à l’est du pays, avec la Chine et la Russie. Ils devraient durer encore une semaine et seront donc encore en cours le 24 février, la date du début de la guerre en Ukraine.
Même si pour Pretoria, il s’agit simplement d’un exercice classique avec ses alliés des BRICS, prévu de longues dates, comme le pays en a déjà fait avec les Etats-Unis et la France. Selon la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor, chacun est libre d’organiser ce type de collaboration militaire "avec ses amis", sans avoir à recevoir de "pressions quelconques".
Critiques de l'opposition sud-africaine
Mais pour les partenaires occidentaux de l’Afrique du Sud, ces exercices tombent à un très mauvais moment. Ce "n’est pas vraiment ce que l’on aurait préféré", avait fait remarquer le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors de son passage dans le pays le mois dernier, nuançant cependant que Pretoria est libre de prendre ses propres "décisions souveraines".
Au sein de la classe politique locale, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique, s’est aussi offusqué de cet événement, allant jusqu’à qualifier le pays "d’idiot utile", servant la propagande russe, un an après le début de la guerre en Ukraine.
Un difficile équilibre pour l'Afrique du Sud
C’est un exercice d’équilibriste que mène l’Afrique du Sud avec ses partenaires en décidant de maintenir ces opérations navales. D’un côté, le pays se veut le défenseur d’un nouvel ordre mondial, où les nations du Sud ne seraient plus soumises aux décisions du Nord, et un renforcement des liens avec les BRICS rentre dans cette stratégie. L’Afrique du Sud se réclame d’ailleurs du mouvement des non-alignés, pour expliquer sa neutralité affichée vis-à-vis de la guerre en Ukraine.
Mais de l’autre, elle ne peut se passer de ses relations économiques avec les pays occidentaux, qui pèsent bien plus dans la balance que ceux, quasi-inexistants, avec la Russie. C’est ainsi qu’en janvier, le pays a connu un véritable ballet diplomatique, avec le passage de représentants de la Russie, de l'Union européenne, et des Etats-Unis. Ces exercices navals seront, en tout cas, scrutés de près par tous, notamment pour savoir si la frégate russe Admiral Gorshkov aura profité de l’occasion afin de tirer ses missiles hypersoniques Zircon pour un essai.
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