Énergie nucléaire : le cours de l'uranium grimpe en flèche

Le prix de l'uranium est au plus haut depuis près de 17 ans. Cette escalade des cours est le résultat d'un rebond de la demande, couplé à des incertitudes liées à l'approvisionnement en pétrole et en gaz.
Article rédigé par Frédéric Says
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une mine d'uranium se trouve à Ticaboo le désert de l'Utah aux Etats-Unis, le 27 octobre 2017. (GEORGE FREY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Le cours de ce combustible a atteint en décembre son record depuis 2007, pour s'élever à 85,75 dollars la livre (environ 450 grammes). Les tensions géopolitiques et la transition énergétique expliquent cette hausse. Le nucléaire revient en grâce. Finie, la période post-accident de Fukushima, en 2011, quand des pays comme l'Allemagne avaient décidé de bannir l'énergie atomique.

Désormais, c'est plutôt l'inverse. La transition énergétique incite à promouvoir des énergies bas carbone, et le nucléaire en est une. Résultat : au Royaume-Uni, comme en France, en Inde, en Turquie, en Égypte, ou en Chine, plus de 100 nouveaux réacteurs sont en ce moment en construction ou en projet dans le monde. En Suède, la loi qui interdisait toute nouvelle centrale vient d'être abrogée. D’autres pays maintiennent des réacteurs qu'ils comptaient fermer. C'est le cas à Diablo Canyon, en Californie. En Belgique, deux réacteurs ont été prolongés pour dix ans, par crainte de rupture d'approvisionnement, après la limitation des livraisons de gaz russe.

Des tensions pèsent sur plusieurs États producteurs

Le Niger est touché par un coup d’État militaire l'été dernier, alors que la Russie est soumise à des sanctions. Certes, il n'y a pas de pénurie en vue, ces deux pays représentent à eux deux seulement 10% de la production mondiale. Mais ces tensions créent de l'incertitude, et donc du risque, ce qui fait toujours monter les prix sur les marchés. S'ajoutent à cela des difficultés d'extraction du minerai au Canada et au Kazakhstan, deux autres grands pays producteurs. Voilà comment l'offre peine à suivre la demande. Sans oublier une petite dose de spéculation, avec des investisseurs qui se disent "tiens c'est malin d'acheter de l'uranium", puisque le cours va continuer à monter, et vous avez les ingrédients de cette hausse. Rien que cette année, le prix de l'uranium, dans les achats de court terme, a plus que doublé.

Cette augmentation du prix de l'uranium n'est pas à l'origine de la hausse importante de nos factures d'électricité. Ce qui coûte le plus cher dans l'énergie nucléaire, c'est la construction des centrales, et leur maintenance. Le combustible, en l'occurrence l'uranium enrichi, représente seulement de 5 et 10% du coût de production total de l'électricité. Les factures augmentent, oui, mais c'est à cause des taxes, pas de l'uranium. De plus, la plupart des contrats sont conclus sur plusieurs années ce qui évite les secousses dans les prix. Il n'y a d'ailleurs pas de risque de pénurie, car l'uranium se stocke beaucoup plus facilement que le pétrole. La France dispose, par exemple, de réserves d'uranium pour alimenter les centrales pendant plus de deux ans. À titre de comparaison, les stocks stratégiques de pétrole représentent seulement 60 jours de consommation. 

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