États-Unis : Insoupçonnable pendant plus de 40 ans, un ex-ambassadeur américain plaide coupable d'espionnage pour Cuba
C'est l'une des infiltrations les plus longues et les plus spectaculaires depuis la fin de la Guerre de froide. Un diplomate américain, espion pendant 40 ans pour le compte de Cuba, vient de plaider coupable, jeudi 29 février, à Miami. Il avait été démasqué en décembre dernier. Victor Manuel Rocha, c'est son nom, a pendant toute sa carrière été une taupe au service de la Havane alors que du haut de son allure aristocratique, il gravissait tous les échelons de la diplomatie américaine : ambassadeur au Mexique, en Bolivie, en République dominicaine, en Argentine, à Cuba, et membre du Conseil de sécurité nationale, un organe de la Maison-Blanche sous Bill Clinton.
De 2006 à 2012 il est même conseiller d'un commandant de l’armée, responsable de l’Amérique latine et des Caraïbes. Un poste qui lui donne accès à une quantité prodigieuse de documents classés top secret, comme les interceptions de communications, les rapports d’agents et comptes rendus de la CIA, même si, depuis son arrestation, en décembre dernier, il a toujours nié.
Cet ancien ambassadeur de 73 ans a été piégé par un agent du FBI se faisant passer pour un officier cubain. Mis en confiance, il lui a confié avoir travaillé pour "le Comandante" (Fidel Castro), se vantant même selon ses mots d'avoir accompli "le grand chelem" sur le dos des États-Unis, alors qu'il se déclarait encore récemment soutien absolu de Donald Trump, sans se douter qu'il était enregistré.
Malgré ces preuves accablantes, le choix de ses avocats était jusqu'ici de contester sa culpabilité. Victor Manuel Rocha, vient donc de changer d'avis.
Quelle aide apportée au régime cubain ?
Jeudi, quand la juge fédérale de Miami lui a demandé s'il souhaitait changer sa ligne de défense et finalement plaider coupable il a répondu : "Je suis d'accord". Cette décision lui a permis d'obtenir en échange, l'abandon de 13 chefs d'accusation, dont ceux de fraude électronique et de fausses déclarations. Mais l'audience, à laquelle il est apparu les mains et les chevilles enchaînées, a été très courte et n'a pas permis d'éclaircir cette question restée sans réponse depuis son arrestation : qu'a-t-il fait précisément pendant toutes ces années pour aider le régime castriste ? Le gouvernement américain a beaucoup à apprendre de son témoignage sur la pénétration et l'influence de Cuba dans les cercles de politique étrangère américaine. Même avec sa coopération l'évaluation des dégâts qu'il a pu commettre prendra certainement plusieurs années. Victor Manuel Rocha va maintenant revenir devant le tribunal le 12 avril où on lui signifiera sa peine. Il risque cinq à dix ans de prison.
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