Europe : face aux migrants, la Finlande ferme sa frontière avec la Russie
La plupart des migrants sans papiers, bloqués lundi 20 novembre à la frontière entre la Russie et la Finlande, sont arrivés à vélo jusqu'au poste-frontière. Pour se retrouver face à des barrières et des barbelés. Depuis le 17 novembre, il est impossible de passer et malgré le froid, il fait moins 10 degrés la nuit, ils sont déjà plusieurs dizaines à camper sur place, autour de feux de bois, en attendant une hypothétique réouverture.
Sur les 8 points de passage que la Finlande compte sur sa frontière avec la Russie, les quatre les plus accessibles et les plus fréquentés, dans le Sud-est, juste en face de Saint-Pétersbourg, sont désormais fermés. Au moins jusqu'au 18 février.
Irakiens, Syriens, Somaliens et Yémenites
La Finlande veut contrer ce qu'elle considère être une tentative de déstabilisation de la Russie. Dès la fin août, les douanes finlandaises ont en effet constaté que les autorités russes laissaient passer de plus en plus d'Irakiens, de Syriens, de Somaliens ou de Yémenites sans visa, alors que jusqu'ici, elles refoulaient tous les sans-papiers. Cela représente, plus de 400 personnes en quelques semaines.
À la frontière, des migrants racontent même avoir été acheminés gratuitement depuis leur pays, sans avoir aucune idée de ce qu'ils trouveraient sur place. Exactement ce que la Biélorussie a fait à la frontière polonaise l'an dernier. À Bruxelles, la Commission européenne dénonce une "instrumentalisation honteuse" par Moscou.
"Cette situation n'est pas une surprise"
Mais Helsinki ne tombe pas des nues. Cela fait plusieurs mois que la Finlande se prépare à ce genre de scénario. "Nous nous sommes préparés à subir différents actes de malveillance de la part de la Russie", disait jeudi 16 novembre le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo "cette situation n'est pas une surprise".
Les relations entre la Finlande et la Russie n'ont jamais été très chaleureuses, mais depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, elles sont devenues exécrables. C'est surtout l'adhésion de la Finlande à l'OTAN au printemps dernier qui a déclenché la colère de Moscou. L'élargissement de l'alliance occidentale est perçu comme une atteinte à la sécurité de la Russie, le Kremlin a juré qu'il prendrait des "contre-mesures".
Or la Finlande se sait fragile. Elle n'oublie pas qu'en 1939, sous Staline, les chars soviétiques ont réussi à entrer sur son territoire. L'interminable frontière de 1 340 kilomètres qui traverse la forêt et la sépare de son voisin est très difficile à sécuriser. Pour se protéger le pays a d'ailleurs commencé en mars à ériger de très hautes barrières métalliques sur un tronçon de 200 kilomètres.
Les binationaux, victimes collatérales
Moscou a réagi dès vendredi 18 novembre, expliquant que la Finlande commettait une "grave erreur" qui "détruirait" les relations bilatérales.
Mais cette fermeture fait aussi des victimes collatérales : tous les binationaux qui vivent en Finlande mais qui ont encore des proches en Russie, souvent des parents ou des grands-parents âgés qu'ils ne pourront pas voir pour les fêtes. Ils ont manifesté dimanche pour réclamer la réouverture de la frontière.
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