Guerre à Gaza : la Turquie suspend ses échanges commerciaux avec Israël
C'est une nouvelle étape dans la dégradation des rapports entre Ankara et Tel Aviv. Début avril, la Turquie avait déjà suspendu les exportations d’acier, de fer et d’aluminium qui alimentent habituellement l'industrie israélienne de l'armement.
Elle évoquait alors le refus de l'État hébreu d'autoriser la Turquie à participer aux opérations de livraison aérienne d'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne. Cette fois, ce sont toutes les tractations qui sont suspendues. Jeudi 2 mai, les ports turcs ont été fermés aux importations et aux exportations vers Israël.
Le ministère du Commerce turc a publié un communiqué très clair : ces mesures seront appliquées "de manière stricte", tant que le gouvernement de Benyamin Nétanyahou n'aura pas permis "des flux ininterrompus et suffisants d'aide humanitaire à Gaza". Le texte parle d'une "tragédie humaine" qui empire dans les territoires palestiniens.
Un impact économique aussi pour la Turquie
D'un point de vue économique, le gel des échanges va surtout pénaliser l'industrie de la défense israélienne. Mais a priori, le pétrole qui part d'Azerbaïdjan et rejoint Israël via le port turc de Ceyhan, sur la Méditerranée, n'est pas concerné. Plus du tiers des besoins en pétrole d’Israël transite quand même par ce port. Au final, la perte directe pour Israël est estimée à 2,4 milliards de dollars. Pour la Turquie c'est trois fois plus ! Recep Tayyip Erdogan se tire une balle dans le pied au moment où son économie est à la peine avec une inflation officiellement à 65% l’an dernier. Le chiffre pour cette année est attendu dans la journée.
Le chef de la diplomatie israélienne est assez radical vis-à-vis du gouvernement turc. "C'est le comportement d'un dictateur, dit-il, au mépris des intérêts du peuple, des entrepreneurs turcs et des accords commerciaux internationaux". Il a demandé à ses services de mettre en place de nouvelles voies d'échanges avec d'autres pays.
Cette décision intervient alors qu'Ankara vient d'annoncer cette semaine qu'elle se joignait à l'action en justice de l’Afrique du Sud, qui accuse les dirigeants israéliens de "génocide" devant la Cour internationale de justice.
C'est une voix supplémentaire dans le concert des protestations qui isole de plus en plus Benyamin Nétanyahou sur la scène internationale. Ankara espère maintenant que des pays arabes suivront le mouvement.
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