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Incident diplomatico-historique entre la Croatie et la Serbie autour de la nationalité de l'inventeur Nikola Tesla

La Croatie, qui espère entrer dans la zone euro, a dévoilé son projet de pièces. Le pays veut mettre à l’honneur Nikola Tesla, pionnier de l’électricité, sur le côté national. Mais la Serbie proteste.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Statue de Nikola Tesla dans le contre de Zagreb (Croatie). Photo d'illustration. (DENIS LOVROVIC / AFP)

Un homme ne peut pas être né dans deux pays différents. Et pourtant. La Croatie et la Serbie se déchirent pour avoir la "paternité" de Nikola Tesla. L’inventeur, pionnier de l’électricité (dont Elon Musk utilise le nom pour ses voitures électriques) est un Serbe croate, né en 1856 dans l’ouest de la Croatie, à l’époque où le pays appartient à l’Empire austro-hongrois. Un Serbe de Croatie. L’ambivalence est là. Il fait depuis la fierté des deux nations. Ses cendres reposent dans un musée de Belgrade, la capitale de Serbie.

Il y a quelques jours, bravade de la Croatie : la Banque nationale croate annonce qu’elle choisit l’effigie de Nikola Tesla parmi les cinq motifs des futurs euros croates sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes.

"Usurpation de l’héritage"

Une nouvelle qui a évidemment exaspéré la Serbie. Dans un communiqué adressé à l’AFP, la Banque nationale serbe estime que "ce serait l'usurpation de l'héritage culturel et scientifique du peuple serbe car Tesla lui-même se déclarait Serbe". Belgrade promet des "actions appropriés auprès des institutions compétentes de l’UE", sans en dire plus. Les relations entre la Croatie et la Serbie, deux anciennes républiques de Yougoslavie, sont tendues depuis longtemps, alourdies par les séquelles des conflits des années 90.

Cette polémique autour de l’appartenance de Nikola Tesla n’est pas nouvelle. Elle revient sur le devant de la scène régulièrement. Les gouvernements nationalistes de Croatie et de Serbie s’en servent pour éviter d’autres sujets plus problématiques.

Bientôt un euro croate ?

Si la Croatie se prépare à l’Euro, c’est qu’elle va bientôt avoir la monnaie européenne ? Pas vraiment. L’élargissement de la zone euro est au point mort. Depuis la crise sanitaire, il n’en est même plus question car les situations économiques des pays candidats se sont trop dégradées. Rien ne se fera tant que l’Europe ne sera pas revenue à un fonctionnement normal.

Même si 45% de la population croate est favorable à l'adoption de l'euro, ce serait une "catastrophe" pour le pays selon les spécialistes. L’économie croate est inadaptée à la monnaie unique. La Croatie ne tient que par le tourisme (20% du PIB). Et si le tourisme s’effondre, le pays plongera dans une grave crise économique. La Croatie a très peu d’industrie, elle ne produit pas. Une partie importante de l’économie est informelle, le chômage est massif. L’arrivée de l’euro entraînerait une baisse du niveau de vie et du pouvoir d’achat.

Ce n'est donc pas demain que l'on changera les kunas en euros. Et beaucoup de Croates n'attendent pas. Depuis l’adhésion à l’Union européenne en 2013, de nombreux jeunes sont partis, surtout pour aller vivre en Allemagne, où ils trouvent plus facilement du travail et sont mieux rémunérés. On estime que 50 000 Croates quittent le pays chaque année. Parmi eux, peut-être le prochain Nikola Tesla ?

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