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Intégration de la Suède à l'Otan : pourquoi la Turquie pourrait cesser de s'y opposer

La Finlande a obtenu son ticket d'entrée dans l'Otan, mais la Suède reste à la porte. La Hongrie et surtout la Turquie bloquent toujours. Mais cela pourrait changer...
Article rédigé par franceinfo, Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, et le président turc Recep Tayyip Erdogan à Istanbul le 4 juin 2023 (AFP PHOTO / HO/ PRESS OFFICE OF THE REPUBLIC OF TURKEY)

Quelques signaux peuvent inciter Stockholm et l’Alliance atlantique à un optimisme prudent. D’abord, il y a eu les élections remportées par le président Erdogan, qui dispose même de la majorité absolue au parlement avec ses alliés. Il n’a donc plus à ménager les plus nationalistes puisqu’il est aux commandes pour cinq ans, et il peut aussi convaincre l’Assemblée de donner son feu vert à ce dernier élargissement de l’Otan.

Son nouveau gouvernement est aussi plus professionnel, moins marqué par l’idéologie que le précédent. Aux Affaires étrangères, l’ancien patron des services de renseignement Hakan Fidan est un pragmatique, à même dit-on de rétablir des relations plus apaisées ou au moins plus stables avec l’Occident. Le ministre de la Défense est l’ancien chef d’état-major, bien connu de ses partenaires de l’Otan.

Et puis il y a eu la semaine dernière un petit signe très révélateur : des militants kurdes ont défilé en Suède en brandissant des drapeaux du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, la guérilla honnie par la Turquie. Ils ont scandé des slogans anti-Erdogan et anti-Otan. Et Ankara n’a pipé mot, alors que ces manifestations suscitent d'ordinaire une colère bien sentie des autorités turques, des propos assez virulents, voire une convocation de l’ambassadeur. La Suède peut donc, peut-être, espérer participer en tant que membre plein et entier au prochain sommet de l‘Otan à Vilnius les 11 et 12 juillet.

>>> La Turquie approuve l'adhésion de la Finlande à l'Otan

Contreparties

Il faut rester prudent bien sûr car Erdogan ne fera que ce qui lui semblera le plus payant vis-à-vis de son opinion publique. Mais il ne peut être indifférent à l’image de son pays et aussi à la pression américaine qui s’est faite plus directe : Joe Biden a mis en balance la livraison des F16, ces avions de chasse si convoités par Ankara.

Erdogan a aussi obtenu des gages de la Suède qui a adopté une législation antiterroriste plus stricte pour le satisfaire. En outre, le patron de l’Otan est venu assister à sa prestation de serment, un geste fort. Jens Stoltenberg a alors fait valoir à Ankara que les manifestants kurdes sont des manifestants anti-Otan et que repousser encore l’adhésion de la Suède jouerait en leur faveur.
Enfin, cette semaine, la cour suprême suédoise a donné son feu vert au renvoi d’un sympathisant du PKK en Turquie, ce qui ne peut déplaire à Ankara. Dès la semaine prochaine, les acteurs vont se retrouver pour faire avancer le dossier.

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