Les ambiguïtés du lanceur d'alerte Julian Assange, désormais libre

Le lanceur d'alerte Julian Assange a négocié un accord de plaider coupable avec la justice américaine qui réclamait son extradition. Figure emblématique du "cyber-warrior", le hacker est aussi un personnage controversé.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange (à gauche), à Londres le 24 juin 2024. (- / WIKILEAKS)

Julian Assange, détenu au Royaume-Uni, est libre depuis lundi 24 juin. Poursuivi pour avoir révélé des centaines de milliers de documents confidentiels, le lanceur d'alerte a finalement passé un accord avec la justice américaine. Adulé par les uns, critiqué par les autres, il reste un personnage controversé. Côté pile, il est la figure emblématique du "cyber-warrior", héros de la vérité et de la transparence qui s'attaque aux secrets d'État... En 2006, le hacker aux cheveux blancs qui s'amusait depuis Melbourne à pirater la Nasa et le Pentagone décide d'aller plus loin, de libérer la presse de donner aux citoyens un outil conte l'injustice. Il fonde Wikileaks, plateforme où des informateurs du monde entier publient des documents confidentiels qui révèlent abus de pouvoir, crimes de guerre ou corruption à grande échelle. 

En 2010 notamment, le site divulgue une vidéo tournée en Irak où l'on voit l'équipage d'un hélicoptère américain tirer sur un groupe de civils et de journalistes qu'il avait pris pour des insurgés : 12 morts. Une bavure qui évidemment n'avait pas été rendue publique. C'est un choc pour l'opinion internationale et pour le gouvernement américain, qui juge qu'Assange va trop loin et compromet la sécurité nationale. Commencent alors ses ennuis judiciaires. 

Proximité avec Moscou

La façon dont il divulgue ces informations lui vaut aussi des critiques. WikiLeaks publie des documents non expurgés, qui exposent les sources de renseignement et peuvent mettre leur vie en danger. Sans que le site se pose suffisamment de questions éthiques sur les conséquences de ses révélations. Joe Biden, alors vice-président, qualifie Julian Assange de "terroriste high-tech".

C'est surtout l'épisode des mails du Parti démocrate et de l'équipe d'Hillary Clinton qui jette le trouble. Leur publication en 2016 en pleine campagne présidentielle suscite des éloges appuyés du candidat Donald Trump, qui deviendra président. Or ces fuites sont le résultat d'une opération de piratage menée par des agents russes. Côté face, Julian Assange est désormais soupçonné de servir les intérêts de Moscou. L'année suivante Emmanuel Macron dira de lui qu'il est le complice indirect de la fragilisation des démocraties.

Retrouver une vie ordinaire

Sans oublier les accusations de viol dont il a fait l'objet. En 2010, deux Suédoises portent plainte contre lui pour viol et agression sexuelle. Julian Assange dénonce une affaire aux motivations politiques. Faute de preuves les charges sont abandonnées en 2019. Cette controverse laisse malgré tout une empreinte durable sur son image publique. 


Julian Assange est aujourd'hui libre mais ses années d'enfermement l'ont abîmé moralement et physiquement. Le héros aspire juste à retrouver une vie de citoyen ordinaire.

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