Les Canaries, nouvelle route migratoire vers l'Espagne

L'archipel des Canaries est devenu la principale porte d’entrée des migrants vers l’Espagne et l’Europe. Ces îles touristiques sont débordées par des dizaines de milliers de candidats à l’exil. À tel point que le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, part mardi pour un déplacement de trois jours en Afrique occidentale.
Article rédigé par Sébastien Laugénie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un groupe de 48 migrants arrivés sur un bateau de fortune aux Canaries (Espagne), le 26 décembre 2023. (ADRIEL PERDOMO / MAXPPP)

Les îles Canaries connaissent ce que vit l’Italie avec l’île de Lampedusa en Méditerranée. Une vague massive de migrants sur un petit territoire, incapable de les intégrer. Avec à la clé des centaines de drames humains. Et une colère qui monte dans la population.

Les chiffres sont spectaculaires. Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, plus de 22 000 migrants sont arrivés aux Canaries, contre moins de 10 000 pour la même période l'an dernier. Plus de 120% d’augmentation en un an. À la fin de l’année 2024, on devrait atteindre les 40 000, voire les 50 000 migrants sur ce chapelet d’îles situées en face de l’Afrique de l’Ouest.

Des traversées de 1 500 kilomètres, souvent mortelles

Cette route migratoire est pourtant l’une des plus dangereuses au monde. Elle est connue des passeurs depuis plus de 30 ans. Mais elle était jusqu’ici moins empruntée que la Méditerranée car extrêmement risquée. Les migrants partent du sud du Maroc, du Sénégal, de Mauritanie ou même de Gambie. Des traversées qui peuvent atteindre de près de 1 500 kilomètres, qui durent jusqu'à plusieurs semaines, à bord de bateau de pêche traditionnel, sans GPS, sur l’océan Atlantique, où les courants sont beaucoup plus forts qu’en Méditerranée. Ce périple est souvent mortel. Une ONG espagnole, Caminando Fronteras, parle de 33 morts par jour en moyenne, plus de 5 000 victimes sur les cinq premiers mois de l'année.

Une route moins surveillée

Malgré sa dangerosité, le choix de cette nouvelle route migratoire s'explique d’abord par la surveillance de la mer Méditerranée qui s’est largement renforcée ces dernières années. Beaucoup d’accords, pour endiguer l’immigration clandestine, ont aussi été signés avec le Maroc, la Tunisie, la Libye. Ensuite les crises politiques se sont multipliées en Afrique de l’Ouest, au Mali, ou plus récemment au Sénégal. Le Covid a aussi joué un rôle. La crise économique a poussé des dizaines de milliers d’Africains sur les routes de l’exil.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez va se rendre à partir de mardi 27 août en Mauritanie, au Sénégal, et en Gambie. Avec l’ambition de passer de nouveaux accords, d’augmenter l’aide à ces pays contre des emplois, de la formation, des gardes-frontières, afin de freiner l’afflux de migrants. Ces accords peinent toutefois à être appliqués. C’est le deuxième voyage en six mois de Pedro Sanchez en Mauritanie. En février déjà, l’Europe et l’Espagne avait fourni une aide de plus de 200 millions d’euros à Nouakchott mais sans aucun résultat.

 

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