Pays-Bas : l'extrême droite prépare la politique anti-migrants "la plus stricte que le pays ait connue"

Aux Pays-Bas, l'extrême droite a enfin réussi à trouver un accord pour former un gouvernement de coalition, six mois après sa victoire aux législatives. Le parti de Geert Wilders veut appliquer la politique anti-immigration la plus stricte possible. Quitte à s'affranchir des règles européennes.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Geert Wilders, leader du parti d'extrême droite PVV, lors de la présentation de l'accord pour mettre en place un nouveau gouvernement, le 16 mai 2024. (KOEN VAN WEEL / ANP MAG)

Il ne prend personne par surprise. Tout était déjà dans son programme. Mais maintenant que le PVV (Parti pour la liberté) de Geert Wilders a réussi à monter une coalition avec trois partis de droite - sans avoir d'ailleurs à leur faire de concession majeure, sinon renoncer à être lui-même Premier ministre - il va pouvoir avancer. 

En résumé, il s'agit de restreindre au maximum le droit d'asile, d'appliquer la politique "la plus stricte" que les Pays-Bas aient jamais connue : coup de frein sur la main-d'œuvre étrangère et les flux d'étudiants non-néerlandais. Limitation des regroupements familiaux. En matière de logement, réfugiés et demandeurs d'asile ne seront plus prioritaires.

Les contrôles aux frontières seront renforcés, les expulsions plus rapides. Le parti de Geert Wilders veut même faire voter une "loi d’urgence" pour suspendre toutes les demandes pendant deux ans, ce qui serait contraire aux règles européennes. 

Faire comme le Danemark

Le prochain gouvernement néerlandais va donc demander à s'affranchir des règles de l'Union. Comme le Danemark, qui a obtenu une dérogation il y a plus de 25 ans, et qui n'est pas tenu d'appliquer certaines législations européennes sur l'asile. Copenhague, par exemple, ne participe pas aux règlements de Dublin et de Schengen. Le pays est devenu le plus restrictif d'europe en matière d'immigration.

Le nouveau gouvernement néerlandais veut demander la même chose à la Commission pour aller encore plus loin. Même si Geert Wilders a reconnu, jeudi 16 mai, que le processus pourrait prendre des années. À la Haye, le Parlement commencera à en débattre à partir du 22 mai.

Compromission des partis de droite

De quoi créer l'émoi émoi chez les élus européens. L'arrivée au pouvoir de l'extrême droite néerlandaise s'inscrit dans un contexte favorable aux droites radicales qui progressent et devraient consolider leur influence aux élections du 9 juin.

Mais ce qui inquiète surtout les parlementaires, c'est la tendance à la compromission des partis conservateurs traditionnels qui leur déroulent presque le tapis rouge. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, issue de la droite européenne et candidate à un second mandat, a d'ailleurs elle-même ouvert la porte à des alliances.

Pas avec le groupe ID auquel appartient le parti néerlandais de Geert Wilders (et qui compte dans ses rangs le rassemblement national ainsi que l'Afd allemande), mais avec l'autre famille politique des radicaux, l'ERC, celle qui est dirigée par l'Italienne Giorgia Meloni, où l'on retrouve Vox en Espagne ou Reconquête! d'Éric Zemmour.

Renew lui aussi s'inquiète. Valérie Hayer, présidente du groupe au Parlement européen et tête de liste du camp d'Emmanuel Macron pour les élections européennes a fait part de sa "désapprobation totale" face à l'accord de coalition néerlandais, noué notamment avec les libéraux du VVD. En France, ça reviendrait à faire travailler ensemble les représentants du RN et ceux de Renaissance. Les électeurs ne pourront pas dire qu'ils ont été pris par surprise.

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