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Démission du Premier ministre au Portugal : la justice reconnaît une "confusion" de nom dans les scandales de corruption autour d’António Costa

Au Portugal, une semaine après la démission du Premier ministre António Costa, cité dans plusieurs affaires de corruption, la justice reconnaît un énorme bug : dans un des scandales, elle s'est trompée de nom. Ce n'est pas lui qui était concerné.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre portugais Antonio Costa au palais de Sao Bento à Lisbonne, le 7 novembre 2023, a démissionné à la suite d'un scandale de corruption impliquant des contrats énergétiques. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

Si les enquêteurs se sont emmêlé les pinceaux, c'est à cause d'un quasi-homonyme : lors du scandale de corruption qui a plongé le Portugal dans une crise politique, le parquet a confondu António Costa, Premier ministre, qui a démissionné le 7 novembre, avec António Costa Silva, ministre de l'Économie. L'erreur vient d'une transcription d'écoute téléphonique.

Affaires de corruption autour des mines de lithium

Dans l'une des nombreuses conversations - qui déclencheront les accusations de corruption et de trafic d'influence - un avocat et consultant, Diogo Lacerda Machado, proche du Premier ministre, tente de faire pression pour obtenir un marché. Il cite le nom d'António Costa. Mais il parle du ministre de l'Économie, dans le contexte, cela ne fait aucun doute. Sauf que ses propos sont retranscrits mot à mot et que le risque de méprise n'est pas signalé. À un moment donné, forcément, quelqu'un tombe dans le panneau et le Premier ministre se retrouve sur la sellette à cause d'un simple quiproquo. 

C'est l'avocat lui-même, placé en détention provisoire la semaine dernier (et prochainement libéré sous caution) qui s'en est rendu compte et a prévenu les juges.

La crédibilité du système judiciaire a connu des jours meilleurs. Sur les réseaux sociaux, les internautes portugais préfèrent en rire : "Cela ne fait que renforcer ma conviction", dit l'un d'eux sur X. "Le Portugal a désespérément besoin d'un plus grand nombre de noms dans son répertoire. Si tout le monde s'appelle António, João, Alfonso, Francisco, Miguel, Tomás ou Diogo, il y aura forcément des confusions".

Les répliques du tremblement de terre politique 

Mais la bévue - a priori - non intentionnelle ne change pas grand-chose. Elle ne blanchit pas le Premier ministre pour autant et ne remet pas en cause sa démission.

D'autres écoutes (le Premier ministre est surveillé depuis 2020), d'autres enquêtes l'impliquent. Car le scandale de corruption lié à l'extraction du lithium et à la construction d'un méga centre de données est une réalité qui touche ses plus proches collaborateurs : 75 800 euros en liquide ont été trouvés dans le bureau de São Bentoson de son chef de cabinet, Vítor Escária.

Le gouvernement d'ailleurs n'en finit pas de subir les répliques de ce tremblement de terre. Lundi 13 novembre c'est le ministre des Infrastructures, João Galamba, qui a démissionné.

À l'époque des faits, il était secrétaire d’État à l’Energie et aurait enfreint le code des marchés publics avec la complicité du président de l’Agence portugaise de l’environnement. "Démissionner, ce n'est pas avouer qu'on est responsable", dit l'intéressé. Les deux hommes sont malgré tout mis en examen. À côté de tout cela, l'erreur de transcription ne pèse pas grand-chose.

Le lithium, "on ne peut pas ne pas en profiter"

Le principal concerné, António Costa, ne demande pas a priori de dédommagement, d'indemnisation financière pour cette mésaventure. Même si, sur le papier, il y a droit. Surtout si l'enquête le concernant n'aboutit pas à une inculpation.

Il s'excuse pour l'argent découvert dans le bureau de son chef de cabinet et assume sa démission. Même s'il nie être impliqué directement dans de quelconques pratiques illégales. Samedi 11 novembre, il a même défendu l'intérêt des projets d'investissement dans le lithium, à ses yeux indispensables : "Notre pays, qui dispose de peu de ressources naturelles, a maintenant un minerai stratégique pour la transition énergétique. On ne peut pas se payer le luxe de ne pas en profiter."

En attendant, la course à sa succession est lancée. Au sein du Parti socialiste portugais, l'ex-ministre des Infrastructures Pedro Nuno Santos (contraint de démissionner en janvier en raison d'une polémique concernant la compagnie aérienne TAP), sera opposé à l'actuel ministre de l'Intérieur, José Luis Carneiro. Le vainqueur sera désigné à la mi-décembre par les militants, en vue des législatives qui se tiendront le 10 mars 2024. D'ici là, António Costa... et António Costa Silva restent aux commandes.

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