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Russie, Chine, États-Unis : l'état des lieux de la course aux missiles hypersoniques

Le test d'un planeur V-Max évoluant à plus de 6 000 km/h rapproche la France des pays qui maîtrisent cette technologie, les États-Unis, la Chine et la Russie.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Missile hypersonique air-sol Kinjal placé sous un MiG-31K pour le défilé du Jour de la victoire à Moscou le 9 mai 2018. (MIL.RU CC BY 4.0 VIA WIKIMEDIA COMMONS)

La France se lance dans l'hypersonique. Lundi 26 juin, pour la première fois, elle a testé un planeur V-Max évoluant à plus de 6 000 km/h. Elle rejoint le club des pays qui maîtrisent déjà cette technologie militaire : les États-Unis, la Chine et la Russie. Le planeur hypersonique (qu'on équipe d'une charge conventionnelle ou nucléaire) est propulsé par une fusée ou un missile dans la très haute atmosphère. Ensuite, il plane jusqu'à sa cible, sur plusieurs milliers de kilomètres. Ce qui le distingue d'un missile balistique ordinaire, c'est sa vitesse phénoménale qui peut atteindre plus de 24 000km/h. Mais aussi sa trajectoire, totalement imprévisible. On l'a vu dans le ciel du Sud-Ouest lundi 26 juin au soir, lors du test du VMax français : les traînées de condensation sont complètement biscornues, ça fait des boucles, des bonds, des zig-zag. Ça n'empêche pas qu'à la fin, la cible soit atteinte. Rapide et impossible à tracer, le missile hypersonique est donc quasiment impossible à intercepter par les défenses anti-aériennes classique.

Les Kinjal détruits par les systèmes Patriot

Trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, dont fait partie la France, sont déjà engagés dans cette course aux armements avec leurs propres programmes : les États-Unis, la Chine et la Russie. La Russie a été le premier pays à se vanter d'avoir mis au point ces missiles hypersoniques, Zircon et Kinjal, qui veut dire "poignard". En 2018 Vladimir Poutine les avait présentés comme "invincibles", preuve de la supposée supériorité militaire de la Russie sur l'Otan.

Sauf que les Kinjal, d'une portée de 2 000 km, ne sont visiblement pas encore au point. En phase d'approche, ils sont parfois contraints de ralentir pour être plus précis, ce qui les rend détectable plus facilement. Une bonne dizaine d'entre eux ont été détruits par le système antimissile américain Patriot qui équipe l'armée ukrainienne depuis la mi-avril.

Une technologie chinoise à la pointe

En revanche la Chine, elle, est très avancée. Pour fabriquer les missiles. Mais aussi pour déjouer les systèmes destinés à les intercepter – qui sont eux aussi en cours de développement. Début mai, des scientifiques de l’armée ont assuré avoir mis au point un algorithme capable de déjouer les systèmes d'interception les plus sophistiqués du monde, notamment ceux sur lesquels travaillent les États-Unis. Leur technologie, qui repose sur des capteurs infrarouges, est capable selon eux de déterminer leur modèle et leurs paramètres dix minutes après leur lancement.

Washington a pourtant consacré 2,2 milliards de dollars l'an dernier à son programme d'armes hypersoniques, mais les progrès sont aléatoires.

La technologie hypersonique a beau être aussi prometteuse qu'elle est stratégique – et coûteuse ! – elle reste "immature". Un modèle de missile développé par le géant de la défense Lockheed Martin, le missile AGM-183A, devait même être déployé dès cette année, l'armée de l'air y a renoncé en raison de problèmes techniques trop nombreux. D’autres industriels travaillent sur le sujet, mais au Congrès, de plus en plus de voix s'inquiètent du retard pris par les États-Unis dans ce domaine.

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