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Russie : la liste des hommes d'affaires morts dans des conditions suspectes s'allonge

La série de morts mystérieuses se poursuit : deux industriels russes, deux de plus, sont décédés à Noël, en Inde, dans des conditions suspectes.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président russe Vladimir Poutine avant un discours à Moscou (Russie), le 22 décembre 2022. (SERGEI GUNEYEV / SPUTNIK via AFP)

Le dernier en date, Pavel Antov, avait un surnom : le "roi de la saucisse" – filière qui avait fait de lui l'un des hommes les plus riches du pays. Pavel Antov était aussi député de Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine. Alors qu'il fêtait ses 65 ans avec quelques amis au bord du Golfe du Bengale, il est tombé de la terrasse de son hôtel. "Un suicide" selon la police indienne.

Deux jours plus tôt, l'un de ses compagnons de voyage était mort dans le même établissement, entouré de bouteilles d'alcool. Crise cardiaque foudroyante. Pavel Antov n'aurait pas supporté.

14 noms sur la liste

Sauf que ces deux nouvelles morts s’ajoutent à une liste déjà longue : depuis un an, soit depuis les prémices de l'invasion de l'Ukraine, les hommes d'affaires tombent les uns après les autres. Au sens propre d'ailleurs. Il y a trois semaines à Antibes après un dîner arrosé, c'est Dmitry Zelenov, un ponte de l'immobilier qui se tue en dégringolant d'une balustrade.

Il y a des variantes : la chute depuis un bateau, une fenêtre, un escalier. Yuri Voronov lui se donne la mort par arme à feu avant de se noyer dans sa piscine; Sergey Protoseny qu'on retrouve pendu dans le jardin de sa villa en Espagne, sa femme et sa fille poignardées dans leur sommeil. Ou encore Alexander Subbotin, 43 ans, empoisonné par du venin de crapaud lors d'une séance de chamanisme. La liste, à la fois macabre et rocambolesque, compte 14 noms au total.

Critiques de la guerre en Ukraine

Tous ces hommes d'affaires sont liés au secteur de l'énergie, certains avaient des postes importants chez Gazprom ou la Gazprom Bank, le gazier Novatek ou Lukoil le producteur de pétrole, et parfois des mandats politiques. Au moins trois d'entre eux avaient ouvertement critiqué la guerre en Ukraine.

Mais quand on a soupçonné Pavel Antov, le roi de la saucisse, d'avoir qualifié les bombardements russes d'actes de "terrorisme", il s'est empressé de démentir publiquement. Lorsqu'on doit sa fortune à Vladimir Poutine, on ne critique pas le pouvoir.

Les services secrets russes peuvent-ils être impliqués ? Les suicides suspects, les chutes, les empoisonnements c'est un peu leur marque de fabrique. Mais le Kremlin n'a pas forcément intérêt à faire disparaître tous ces dirigeants, leur influence politique reste très limitée. En revanche depuis le début de la guerre avec les sanctions imposées à la Russie, il y a de fortes tensions dans le secteur de l'énergie, c'est peut-être là, du côté des règlements de compte, des rivaux au bord de l'effondrement économique et des méthodes mafieuses, qu'il faut chercher les responsables.

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