TikTok Lite : l'application chinoise pose "des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs", selon la Commission européenne
La nouvelle application de TikTok, "TikTok Lite", est dangereuse pour la santé mentale de ses utilisateurs, selon Bruxelles. La Commission européenne menace de l'interdire, dès mercredi 24 avril au soir. Visuellement, c'est la copie de sa grande sœur, légèrement simplifiée mais la vraie particularité de TikTok Lite, c'est de vous inciter à y passer le plus de temps possible. Plus vous faites défiler les vidéos, plus vous vous connectez, et plus vous incitez vos proches à le faire, plus vous gagnez de l'argent. Vos pièces virtuelles sont échangeables contre des cartes-cadeaux PayPal ou des bons d'achat Amazon, d'une valeur maximale de 500 euros.
TikTok Lite est "aussi toxique et aussi addictif que les cigarettes 'light'", tacle le commissaire européen Thierry Breton. La Commission, qui désormais joue le rôle de gendarme du numérique pour les 27, estime que l'application, lancée très discrètement fin mars en France et en Espagne, pose "des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs". Risque de dépendance, mais aussi d'anxiété, de dépression, de troubles de l'alimentation et de l'attention... Elle reproche surtout à la plateforme de ne lui avoir communiqué aucune évaluation des risques, démarche obligatoire dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques.
L'exécutif européen sort donc le grand jeu. Mercredi dernier, la Commission a adressé une première mise en garde à la plateforme mais n'a pas eu de réponse dans les temps. Lundi elle a donc ouvert une nouvelle procédure qui accorde à TikTok un délai supplémentaire... jusqu'à mardi soir. Faute de réponse satisfaisante, Bruxelles se réserve le droit de suspendre TikTok Lite dès jeudi au sein de l'Union pour 60 jours renouvelables. Elle peut aussi imposer au groupe une amende allant jusqu'à 1% de son chiffre d'affaires mondial, soit plus de 160 millions de dollars.
La recherche de nouveaux utilisateurs
En guise de réponse, le groupe chinois ByteDance, maison mère de TikTok, se dit "déçu" il se défend en expliquant que sa nouvelle application, disponible depuis quelques mois déjà au Japon et en Corée, est officiellement réservée aux personnes majeures et que l'accumulation de pièces virtuelles cesse après 85 minutes de visionnage par jour. En septembre, TikTok a déjà écopé de 345 millions d'euros d'amende dans l'Union européenne pour n'avoir pas suffisamment pris en compte les risques pour les moins de 13 ans. Le réseau social a perdu plusieurs millions d'utilisateurs et cherche aujourd'hui à en conquérir de nouveaux.
Alors qu'aux États-Unis, le Sénat, dans la foulée de la Chambre des représentants, doit approuver mardi un texte qui valide le retrait pur et simple de l'application si elle ne rompt ses liens avec la Chine, en Europe il s'agit plutôt de poser des limites, de faire rentrer dans le rang les géants numériques plutôt que les bannir. Les discussions entre TikTok avec Bruxelles vont donc se poursuivre.
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