« Plaisir ». Un mot qui a guidé le chef Michel Guérard, disparu le mois dernier, tout au long de sa vie dans ses créations culinaires

On sait combien Michel Guérard a compté pour la gastronomie française. Il a toujours cuisiné pour marier la santé et le bien être au plaisir.
Article rédigé par Bernard Thomasson, Thierry Marx
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le regard malicieux de Michel Guérard confirme le plaisir qu'il prenait à cuisiner et le plaisir qu'il cherchait à offrir dans ses assiettes. (BATS PASCAL / MAXPPP)

C'était le dernier monstre sacré de la gastronomie de l'ancienne génération, celle des Bocuse, Robuchon, et autre Chapel. Michel Guérard nous a quittés en août dernier, laissant un héritage considérable : des centaines de cuisiniers formés à Eugénie-les-Bains (dont beaucoup sont devenus étoilés), des livres passionnants (car il aimait autant la littérature que les fourneaux), et une cuisine dite "minceur", celle qu'il avait inventée dans les années 1970 à la grande époque de la Nouvelle cuisine.

Thierry Marx tenait à lui rendre un hommage particulier : "Michel était un immense chef bien sûr, un immense artisan, mais peut-être n'a-t-on pas assez souligné l'homme d'engagement. Il a été le premier chef à s'engager sur la notion de plaisir dans la cuisine, pour un bien-être immédiat et, à long terme, pour une meilleure santé. Il a été aussi le premier à dénoncer la surindustrialisation des produits." Michel Guérard avait inventé cette cuisine plaisir dans la station thermale d’Eugénie-les-Bains, propriété de la famille de sa femme Christine.

J'ai découvert des curistes attablés devant des assiettes de carottes râpées, c'était d'une tristesse sans fin. Voilà pourquoi j'ai eu l'idée d'une cuisine santé qui offrirait le même plaisir que l'autre.

Michel Guérard

à franceinfo

Un homme visionnaire

Bon sens et sagesse dans les propos du chef emblématique, qui était non seulement le plus ancien étoilé Michelin de France (depuis 1967), mais aussi le plus respecté par ses pairs ces dernières décennies. "C'était un homme visionnaire, ajoute Thierry Marx, parce qu'il nous a mis en garde contre les produits ultratransformés, en allant justement voir comment fonctionnait l'industrie et en amenant son côté artisanal et la notion de plaisir et bien-être dans les marques auxquelles il s'était à l'époque associé avec la volonté de rendre ses plats accessibles au plus grand nombre."

La "malbouffe" aurait sans doute pu tuer définitivement la cuisine plaisir et la gastronomie si les chefs – et notamment les plus grands comme Michel Guérard – n'avaient pas été là pour sensibiliser sur la qualité des assiettes. Et à la maison, pour retrouver le plaisir de manger, il faut s'atteler à faire soi-même la cuisine, même de la plus simple des façons.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.