La hausse des taux d'intérêt
Les taux d'intérêt conditionnent ceux des emprunts et du crédit. La banque centrale américaine, la puissante Réserve fédérale, vient d'augmenter les siens cette semaine de 0,5%. Quels sont les effets d'une telle décision ?
On va parler aujourd'hui des taux d'intérêt, après la décision de la Fed, la banque centrale américaine, d'augmenter précisément les siens cette semaine de 0,5%. Il s'agit de la plus forte hausse depuis 22 ans.
franceinfo : Concrètement, que signifie cette décision et quel impact peut-elle avoir ?
Raphaël Ebenstein : C'est une manière traditionnelle – utilisée d'ailleurs par les banques centrales de différents pays – pour tenter de contenir l'inflation, quand celle-ci apparaît trop forte ou incontrôlable. Or elle a atteint 8,5% en rythme annuel aux États-Unis, en mars, bien plus encore qu'en France où elle frôle les 5%.
La conséquence logique et immédiate d'une hausse des taux d'intérêt, c'est que le fait d'emprunter de l'argent coûte plus cher à l'emprunteur. En l'occurrence aux banques commerciales qui se fournissent en liquidités auprès de la banque centrale. Elles "achètent" alors la monnaie fabriquée par la banque centrale à un prix plus élevé. Et cela a ensuite des effets en cascade, puisqu'elles répercutent évidemment, au final, ce surcoût à leurs clients sur les taux de crédit qui augmentent mécaniquement. Avec le risque de freiner du coup l'investissement des entreprises puisque l'investissement repose généralement sur le crédit et l'emprunt, et donc, d'affaiblir la croissance économique.
En revanche, pour les épargnants qui ont mis de l'argent de côté, une hausse des taux d'intérêt signifie dans le même temps une plus forte rémunération de leur épargne.
La hausse des taux aux États-Unis a-t-elle déjà des effets en France ?
Pas directement ou pas immédiatement, sachant que la Banque centrale européenne n'a pas relevé ses taux, contrairement à la Fed américaine. Cela semble toutefois inévitable, à terme, au vu de l'inflation provoquée entre autres par la guerre en Ukraine. Et tous les investisseurs l'anticipent.
Pour l'instant, ce qui est déjà mesurable, c'est la hausse des taux des obligations, ce qu'on appelait avant les bons du Trésor, des emprunts émis par les États sur les marchés internationaux pour se financer. Là, les décisions de la Fed ont un impact visible qui déborde largement du cadre des seuls États-Unis.
Exemple : il y a encore quelques mois, la France empruntait à 10 ans à taux zéro, voire à taux négatif, c'est-à-dire qu'elle devait rembourser moins que ce qu'elle avait emprunté. Aujourd'hui, le taux est déjà remonté à 1,5%. Cela se ressentira donc tôt ou tard par effet domino sur les crédits immobiliers que souscriront les ménages. Des acteurs spécialisés du secteur comme Meilleur Taux estiment d'ailleurs que certains emprunts à 20 ans pour acheter une maison se font déjà à un taux supérieur à 1,5% avec des perspectives de hausse continue ces prochains mois.
Certes, on se situe encore à des taux très bas dans l'absolu, largement inférieurs à ce qu'ils étaient dans les années 1990 ou 2000, mais le retournement de tendance paraît en tout cas indéniable et surtout, personne ne peut dire aujourd'hui jusqu'où, ni jusqu'à quand, il va durer.
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