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Le mot de l'éco. L'endettement des entreprises atteint des sommets

L'endettement, et particulièrement la dette privée, sont au centre des préoccupations du monde économique. La Banque de France vient de publier un chiffre impressionnant : près de 1900 milliards d'euros de dette. Décryptage avec Isabelle Raymond.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un endettement privé colossal. Des dettes qui devront être remboursées sur 6 ans, voire sur 8 ans.  (GETTY IMAGES / MOMENT RF)

On commente beaucoup le fait que la dette publique ne cesse de grimper, mais la dette privée, elle aussi, atteint des sommets. Selon les derniers chiffres, publiés cette semaine par la Banque de France, la dette des entreprises s'élève désormais à près de 1900 milliards d'euros.  

Un endettement inquiétant

Les entreprises s'endettent en temps normal, pour investir, elles vont voir leur banques, obtiennent des prêts pour accompagner leur développement, acheter des machines, sauf que là, l'endettement inquiète pour plusieurs raisons. D'abord par son rythme très soutenu. L'an dernier, les entreprises paralysées par la crise sanitaire sont allées en masse voir leur banque pour leur demander un PGE, un prêt garanti par l'état. Près de 140 milliards de prêts accordés au total, à quelque 650 000 entreprises. Des entreprises qui ont aussi parfois demandé à bénéficier de reports de cotisations. 

Des prêts qu'il va falloir rembourser

L'inquiétude monte car beaucoup se rendent compte que l'activité risque de repartir lentement, plus lentement en tout cas qu'espéré. Alors les entreprises veulent gagner du temps, conserver ce matelas de sécurité, cette trésorerie. Le gouvernement a déjà obtenu un report d'un an du début du remboursement des PGE. Si elles le souhaitent, toutes les entreprises qui en ont souscrit un, peuvent donc aller voir leur banque ces jours-ci pour demander à commencer à les rembourser seulement en 2022.  

Aujourd'hui, ces prêts doivent être remboursés sur 6 ans. Faut-il allonger ce délai ? À 8 ans, selon le souhait du ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, à 10 ans même, demande la CPME. Attention, prévient-on à Bercy, cet allongement doit déjà être validé par la Commission. Il peut aussi signifier des taux d'intérêt plus élevés.  

Un risque de non remboursement ?  

Évidemment, ce risque existe. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été endossé par l'État qui s'engage à rembourser la banque si l'entreprise ne peut pas le faire. Et la question se pose. A-t-on maintenu artificiellement en vie des entreprises qui n'était pas viables ? Question d'autant plus légitime quand on constate que le nombre de faillites a baissé de 30% l'an dernier par rapport à l'année précédente. Somme toute, ce risque est peu élevé, selon la Banque de France. Entre 4 et 6% seulement de l'ensemble des PGE contractés au total. Si cette estimation se vérifie, on pourra dire que le "quoi qu'il en coûte" a bien contribué à maintenir en l'état le tissu économique français.          

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