Cet article date de plus de deux ans.

Textile : un secteur en pleine mutation

"Le mot de l'éco" cette semaine, c'est "textile". Les marques historiques se retrouvent fortement concurrencées. La baisse de fréquentation des magasins continue de s'accentuer. La vente sur Internet représente aujourd'hui plus de 20% du marché, contre 6% en 2009.

Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De nombreuses entreprises de textile françaises sont en grande difficulté financière. (SERGE ATTAL / ONLY FRANCE VIA AFP)

Le textile enregistre un grand nombre de faillites et de liquidations depuis ces dernières années. Un secteur en profonde mutation. Cette semaine, la liquidation judiciaire de l'entreprise de prêt-à-porter Camaïeu a été prononcée, mercredi 28 septembre. Une décision qui scandalise et inquiète les 2 600 salariés de la sociétéMais avant, il y a eu des enseignes comme C&A, Celio, La Halle, Naf Naf, Pimkie, qui ont connu bien des vicissitudes.

franceinfo : En fait, il y a un avant et un après Covid ?

Guillaume Gaven : Pendant le confinement, les boutiques sont restées fermées, elles ne faisaient pas partie de la liste des commerces essentiels. Quand tout est revenu à la normale, les consommateurs n'ont pas repris le chemin des magasins. La fréquentation a chuté de 15% entre 2019 et 2022.

Mais à vrai dire, le phénomène est plus ancien, cela fait une dizaine d'années que la fréquentation baisse en magasin, de 2 à 3% chaque année. Au profit de quoi ? De la vente en ligne, la vente sur Internet représente aujourd'hui plus de 20% du marché contre 6% en 2009. Et au passage, cette tendance est globale, elle ne touche pas que l'habillement.

C'est donc uniquement la faute d'Internet ?  

Non, pas seulement. Ces magasins qui ferment, c'est aussi la fin d'un modèle. Les marques historiques se retrouvent aujourd'hui très fortement concurrencées par ce qu'on appelle la "fast fashion", la "mode rapide" en bon français. Des modèles qui changent très vite, vendus très bon marché, c'est ce qu'on trouve chez l'allemand Primark ou le chinois Shein, qui ciblent les plus jeunes.

On les retrouve aussi dans des enseignes qui ne sont pas spécialistes de l'habillement, comme Action, Lidl ou Aldi. Bref, les enseignes qu'on connaît, de milieu de gamme, se retrouvent coincées entre les premiers prix qui font fureur, et le moyen-haut de gamme, c'est ce que les spécialistes appellent "l'effet sablier".

Et puis il y a le souci du moment : l'inflation...

Oui, elle touche tout le monde, à tous les niveaux : l'inflation, l'énergie, les loyers, les salaires. Bref, les étiquettes ont augmenté. Et côté consommateurs, ce n'est pas non plus la fête : les problématiques de pouvoir d'achat sont les mêmes. En clair, on a tendance aujourd'hui à sacrifier l'achat de vêtements, pour continuer à remplir son chariot alimentaire et à partir en vacances.

Le corollaire, c'est que le marché de la seconde main explose, et ça date d'avant la crise sanitaire ou énergétique. Les ventes en ligne ont bondi de 140% entre 2019 et 2021. Pas seulement sur les plateformes comme Vinted ou le bon coin. Les marques s'en mêlent, même Kiabi, qui a bâti sa réputation sur ses petits prix, a désormais un rayon seconde main.

Sans parler des supermarchés traditionnels, Monoprix, Super U, entre autres, qui vendent aussi de l'occasion. Effet d'aubaine sans doute, parce que les prix sont évidemment plus attractifs. Mais moins jeter, faire durer : certains veulent croire qu'il y a aussi un début de prise de conscience plus écologique. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.