Comment les Syriens vivent les violences au quotidien
8h : rendez-vous est donné devant le ministère syrien de
l’information où nous attend un bus. Première surprise en montant dans le bus :
la plupart des journalistes sont russes et chinois ce qui peut se comprendre
étant donné le soutien apporté par leur pays à la Syrie… Les journalistes
européens eux sont nettement moins nombreux … Je suis la seule française. Puis
nous prenons la direction de Deraa qui est à environ 1h de route au sud de
Damas. Nous traversons plusieurs barrages militaires avant d’arriver dans la
ville de Deraa où l’on est accueilli par un immense drapeau syrie. Sur l’avenue
principale qui mène au centre ville, des soldats ont investi des maisons et se
montrent sur les balcons. Une fois dans le centre, on se rend compte que les
magasins sont ouverts, et que les gens semblent mener une vie quasiment normale
si ce n’est que l’armée est déployée un peu partout dans Deraa.
Un programme minutieusement préparé par les autorités
Premier arrêt imposé : le bâtiment du gouverneur de
Deraa qui nous reçoit pendant une heure. Ce n’est pas lui qui était là au moment
des troubles l’an dernier et notamment quand des bâtiments publics ont été attaqués par des manifestants. Son
prédécesseur a été en effet limogé par Bachar el Assad... Le gouverneur de Deraa
nous explique qu’il y a encore quelques éléments qui veulent déstabiliser la
ville mais que Deraa est désormais sous contrôle de l’armée syrienne
contrairement à certaines informations qui parlent de tirs régulièrement aux abords de la ville.
Deuxième arrêt encore une fois imposé : l’immeuble de la
télévision syrienne qui a été saccagé par des manifestants puis le palais de
justice de Deraa qui avait été incendié en mars dernier.
Enfin on nous emmène dans un endroit en plein air où des
armes sont entreposées. Il y avait des fusils, dont un M16 américain et quelques
Kalachnikov, des munitions, des bombes artisanales et des détonateurs. D’après nos accompagnateurs, ces armes ont été saisies
sur des terroristes.
Rares
sont les occasions de parler aux gens de la rue en raison des Moukabarat, les
agents de la sécurité syrienne, qui sont tout autour de nous. Une seule fois,
nous arrivons à poser quelques questions à une femme qui passait avec son petit
garçon sur une place publique au centre de Deraa. Elle nous dit qu’elle a peur
tout le temps, qu’elle ne sait jamais si elle pourra rentrer chez elle quand
elle sort faire des courses, qu’elle manque de mazout. Tout d’un coup, elle
s’arrête de nous parler. Elle nous dit qu’elle a peur des agents de sécurité
quasiment aussi nombreux que les passants… Une autre jeune fille me dit aussi
très rapidement qu’il n’y avait plus de stabilité dans le pays, qu’il n’y a rien
d’autre que la peur. Des échanges très rapides, presque furtifs, qui donnent la
mesure du climat qui règne en Syrie.
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