La prison, école de la récidive ?
Aujourd'hui le temps
du tout carcéral est remis en cause. La ministre de la justice Christiane Taubira dévoile ce mercredi matin une circulaire de politique pénale. Sa nouvelle politique
s'appuie sur plusieurs principes parmi lesquels on trouve l'individualisation**** des décisions de
justice (ce qui implique un recours limité aux peines planchers), la lutte
contre la surpopulation carcérale et la récidive
grâce aux aménagements de peines.
Qu'est ce que la récidive ?
C'est poser la question suivante.
Une personne sortie de prison va-t-elle y retourner ? Quelques éléments de réponses : pour les
condamnés pour crimes et délits par exemple, le taux de récidive est de 46% dans les cinq années qui suivent leur sortie de
prison.
Derrière ces statistiques, il y a des histoires d'hommes et
de femmes, des vies parfois broyées par un système judiciaire qui n'a pas
eu ou pas pris le temps de comprendre les causes du passage à l'acte.
Marc est un cas emblématique. Cet ancien multirécidiviste est
âgé aujourd'hui de 53 ans, voici son histoire. " La première incarcération à
l'âge de 16 ans, on ne m'a pas donné d'alternative, j'avais été incarcéré à la
prison de Fleury Merogis où j'ai commencé à rencontrer mes premiers amis. Ces amis que j'ai revu à l'extérieur et avec qui on est reparti dans la vie
active, mais pas dans le bon sens ".
Pour Marc la prison a
appelé la prison, et très vite
on en arrive à ce que le magistrat Serge Portelli, vice-président du tribunal
de Paris appelle la diabolisation du récidiviste. Selon lui cette attitude de
la justice et des pouvoirs publics est contre-productive.
"On regarde le récidiviste
comme quelqu'un qui fait une sorte de
grand pied de nez à la justice. En fait ce n'est pas cela. C'est un
phénomène qui doit être vu dans ce que l'on appelle maintenant un parcours de
délinquance, c'est-à-dire quelqu'un qui commet plusieurs actes, avec un début,
souvent à l'adolescence, et puis une fin, car ça s'arrête un jour. Ce qui est
intéressant c'est de voir pourquoi ça s'arrête".
Pourquoi on
passe à l'acte, pourquoi on recommence ? Pour Marc, la justice ne s'est
apparemment pas posée la question, sans quoi elle aurait pu déceler qu'en
l'espèce, Marc était un jeune homme atteint d'une maladie héréditaire, la
bipolarité, qui se caractérise par un dérèglement de l'humeur. Marc n'aurait en
fait jamais dû aller en prison, mais devant un psychiatre pour être pris en
charge et traité.
Pour Marc,
le premier délit et le premier passage en prison ont été le point de départ
d'un engrenage infernal. Tout cela parce
qu'il n'a pas eu d'autres alternatives. Certains en revanche ont eu plus de
chance, c'est le cas de Laïd.
"On m'a proposé le bracelet ou
la prison ferme ou le TIG [Travaux d'intérêt général]. J'ai choisi le TIG. En plus, j'étais chômeur. Donc
ça m'a permis socialement parlant de me remettre sur pied. Maintenant j'ai un
travail. Moi je voudrais que ça se multiplie les alternatives à la prison. C'est
sûr."
Trouver des
alternatives à la prison, aménager les peines, c'est aussi le message que veut
faire passer Marc. Pour lui la prison ne peut pas réinsérer car elle n'en a pas
les moyens dit-il. La prison c'est de la répression pas de la réinsertion. Marc
vante le travail des associations. Il est passé par l'association Neptune à
Montreuil. C'est ce qui lui a permis de rebondir. La directrice de
l'association Neptune s'appelle Raymonde Chabanon. Voici comment elle conçoit
sa mission : " Accompagner quelqu'un c'est ne
pas le condamner, c'est ne pas pleurer forcément avec, c'est de faire un bout
de chemin avec lui en ayant le soin de l'avoir bien écouté, pour bien le
connaître et essayé avec lui de trouver son chemin". Laïd l'a trouvé, Marc
aussi.
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