My Major Company dans la tourmente
C'était en décembre 2007, quatre jeunes garçons dont Michaël Goldman,
le fils du
chanteur à succès Jean-Jacques Goldman lançaient My Major
Company. Un
site internet qui permettait à de jeunes talents de sortir un album
grâce au
financement d'internautes producteurs. L'idée était novatrice et à
contre-courant de ce que proposaient les labels en place.
Grégoire,
le premier artiste My Major Company
Le site a connu un
succès fulgurant avec le chanteur Grégoire, début 2008. Le tout premier
artiste
My Major Company a explosé et vendu un million d'exemplaires de son
premier
album financé par 347 internautes qui ont réuni la somme de 70.000
euros.
Tournées à guichets fermés, plateaux télé... On l'a vu partout.
Grégoire,
ça a
été le jackpot pour pour tout le monde : Warner le distributeur, My
Major
Company le label, l'artiste et les internautes qui ont récupéré 25 fois
leur
mise. Le label évoque un internaute qui a misé 6.000 euros et a touché
130.000
euros. Sauf que ce succès fulgurant ne s'est jamais reproduit.
Mais
avec toute
la publicité autour, les internautes, eux, ont continué de miser en
masse sur
leurs coups de coeur musicaux. Et aujourd'hui, sur la cinquantaine
d'artistes
financés, seuls deux albums se sont bien vendus (sans atteindre le
niveau de
Grégoire) ceux de Joyce Jonathan, partie entre temps dans une autre
maison de
disques, et celui de Irma.
Un modèle très critiqué
Cinq ans après sa
création, My Major Company est sous
le feu des critiques. Des
critiques relayées par plusieurs articles de presse contre la société et
son
numéro un, Mickael Goldman. Opacité sur les comptes et les dépenses
liées aux
projets, une communication et une promotion bâclée ou inexistante.
Certains
internautes soupçonnent même une escroquerie à la Madoff.
Les blogs et
commentaires de producteurs mécontents fleurissent sur le Net. Un groupe Facebook,
qui compte plusieurs centaines de membres a été créé.
Certains mécontents pensent à une action en justice groupée.
Quand des
artistes vont voir ailleurs après avoir rompu leur contrat
Face à la salve
de critiques, My Major Company reste droit dans ses bottes et rejette de
A
à Z les critiques formulées par les producteurs. L'argument du
numéro deux, Sevan
Barsikian, c'est que 70% des recettes de MMC sont liées aux ventes
d'albums et
que le développement d'artistes est le cœur de l'activité de la société : "C'est normal qu'on rende des comptes à l'internaute qui donne de l'argent. On ne les rend pas spontanément, parce que cela n'a jamais été la philosophie de la boîte ; mais quand c'est demandé, on rend des comptes. Il n'y a pas d'opacité sur les budgets. Mais on ne peut pas 'vendre' tous les artistes : à un moment donné, quand vous avez trop d'artistes au catalogue, forcément il y a de la casse ."
Sauf
qu'avec une majorité de chanteurs encore très confidentiels, My Major
Company
dit quand même réaliser aujourd'hui un chiffre d'affaires de 11 millions
d'euros.
Le débat ne fait que commencer et montre les limites du modèle.
Le
concept était une fausse bonne idée au départ, selon Emmanuel Torregano,
rédacteur
en chef du site Electron Libre,
qui rappelle qu'en voulant couper l'herbe sous le
pied aux labels traditionnels, My Major Company a agi exactement comme
eux, et
que l'idée de départ était une utopie. Pour preuve, depuis sa création,
le site
a connut...quatre versions différentes.
Et aujourd'hui, il
n'est plus possible d'investir
sur un artiste avec retour financier. My Major Company ne fait plus que
du
"crowfunding ", le financement par la foule d'un projet, un genre
de mécénat. Un
modèle qui marche très bien aux Etats-Unis (Kickstarter est un
bon exemple) et que la ministre chargée du numérique Fleur Pellerin veut
développer en France.
Aujourd'hui, My Major Company finance des
projets comme le
chantier du Panthéon, des cours de cuisine, des spectacles et un peu de
musique. Mais pour les producteurs investisseurs, la partie n'est
pas
finie.
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