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Guerre en Ukraine : un an d'info au cœur du conflit

Comment franceinfo couvre-t-elle la guerre en Ukraine depuis un an ? Pour en parler au micro de la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet, Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo, et Franck Ballanger, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
Article rédigé par Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Boris Loumagne (à droite) avec son fixeur, Yashar Fazylov, devant une route minée en Ukraine en septembre 2022.  (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Le 24 février dernier, les premières troupes russes envahissent l’Ukraine. Dès le lendemain, franceinfo délocalise son antenne pour être en direct sur le terrain. Et depuis un an, la rédaction raconte et décrypte cette guerre.

Emmanuelle Daviet : Florent Guyotat, comment s’organisent les journalistes et les techniciens pour couvrir cette actualité chaque jour ?

Florent Guyotat : D’abord, c’est une présence permanente. Depuis un an, il y a toujours eu au moins un envoyé spécial de franceinfo en Ukraine. La plupart du temps deux, voire trois personnes. Donc ce sont des reporters de franceinfo, et également de la rédaction internationale de Radio France puisque vous savez que franceinfo fait partie du groupe public Radio France.

On se relaie pour qu’il y ait toujours quelqu’un sur place. Et il y a aussi, ne l’oublions pas, la présence des techniciens de reportage. Puisqu’on ne part pas seul en Ukraine, c’est un terrain de guerre, c’est dangereux, c’est parfois aussi difficile à supporter. Donc, toujours un technicien pour accompagner le reporter, pour l’aider à établir la liaison technique lors des directs, ou des reportages qui sont effectués, pour aussi parfois réaliser des vidéos que vous pouvez voir sur notre site Internet.

Il y a aussi quelque chose d’important, on s’efforce bien sûr de relater la situation militaire, mais également de montrer que la vie continue avec des reportages comme celui d’Omar Ouahmane, la semaine passée sur franceinfo, où on entendait des gens qui continuaient à danser dans un club de tango de la capitale, Kiev.

Liudmila à Gnutove, près de Marioupol, quelques jours avant le début de l'invasion russe de l'Ukraine du 24 février 2022. "J’étais à Marioupol quelques jours avant le début de l’invasion russe, dans une région marquée par la guerre sans fin du Donbass, démarrée en 2015. J’avais croisé une mamie souriante. Liudmila, habituée malgré elle au bruit de la guerre, au risque de bombardement. Elle menait sa vie. Elle voulait la paix. Aujourd’hui, comme pour toutes celles et ceux que j’ai rencontrés à Marioupol il y a un an, je me demande comment elle se porte. Marioupol a été quasiment rasée. La ville que j’ai vue n’existe plus." (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Quel dispositif est prévu pour marquer cette première année de guerre en Ukraine ?

Des reportages, tout au long de la semaine prochaine, à commencer par le choix de franceinfo chaque matin à 8h10. On va essayer de comprendre, en cinq épisodes, les conséquences de cette guerre en Ukraine. Évidemment, on va parler de la situation militaire, mais pas seulement. On va voir les conséquences aussi dans le domaine de l’agroalimentaire, la montée des prix, avec un choix réalisé par notre spécialiste agriculture, Guillaume Gaven.

Agathe Mahuet et son fixeur, Yashar Fazylov, dans un village près du front du Donbass. (Laurent Macchiett)

On ira aussi notamment en Pologne, pays limitrophe de l’Ukraine, qui a accueilli depuis un an des milliers de réfugiés. On va voir comment tout cela est géré sur place. Et puis vendredi prochain, 24 février, nous délocaliserons notre antenne en Ukraine avec Marie Bernardeau, qui présentera de nombreuses séquences, en direct de Kiev, tout au long de la journée, depuis la matinale jusqu’au 21h/00h, accompagnée de tous nos reporters et d’Agathe Mahuet, notre reporter qui a vécu deux mois à Kiev, au bureau d’information de Radio France, dans la capitale ukrainienne, et qui nous apportera son expertise sur ce qui a changé depuis un an dans ce pays.

Il y a une partie de cette population qu’il est également très important d’entendre, c’est la jeunesse ukrainienne. Franck Ballanger, vous revenez d’Ukraine, vous avez rencontré ces jeunes. Alors comment vivent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ?

Franck Ballanger : Ils vivent à peu près normalement, on va dire. Avec Thomas Sellin on a passé une quinzaine de jours à Kiev. C’est important de le préciser, parce que la vie à Kiev n’est pas la vie à Bakhmout ou à Kharkiv. Donc à Kiev, dans la capitale, la jeunesse essaye de vivre entre coupures de courant et restrictions, couvre-feux. Elle essaye, et elle y parvient quand même, parce qu’on s’est rendu compte, nous, en essayant de coller au plus près de cette jeunesse, qu’elle arrive à vivre. Elle arrive à aimer, à avoir des objectifs, des espoirs, des envies. Et ça, c’est ce qui nous a un peu bouleversés, nous, pendant cette quinzaine de jours passés à Kiev.

Ils arrivent à se projeter dans l’avenir en poursuivant leurs études, leur scolarité normalement ?

Oui, avec un passage obligatoire, c’est battre la Russie dans cette guerre. Donc oui, ils arrivent à se projeter. Mais d’abord, il y a cet objectif-là, qui revient partout. On sent un attachement viscéral à la Nation, désormais en Ukraine parmi la jeunesse, parce que ceux qui ne combattent pas au front, ils participent à l’effort de guerre en travaillant dans l’associatif, en plus de leur travail. On a vu une jeunesse concernée par l’avenir du pays.

Alors cette jeunesse, vous lui avez tendu votre micro. Très concrètement, que pourront entendre les auditeurs ?

Cinq podcasts, avec des thématiques aussi variées que l’amour, la mort, l’école. 10 vidéos aussi sur les réseaux sociaux. Et puis, un long format sur le site de franceinfo. Donc beaucoup de matière. Avec une particularité. Là, on parle de numérique en fait. C’est la première mission numérique que franceinfo et la rédaction internationale de Radio France ont envoyée en Ukraine, sur un territoire de guerre. Et voilà, on est absolument ravis d’avoir participé à cette aventure.

Maksym Biletskyi, fixeur, Arthur Gerbault, technicien de reportage, et Valentin Dunate, reporter. "Dans la nuit du 23 au 24 février, un média américain indique que la Russie va frapper l’Ukraine 'dans les heures qui viennent'. Cette phrase résonne en moi. Il est 1h du matin, nous sommes à Sloviansk et nous décidons de nous réfugier dans une région que nous considérions moins dangereuse. Là, Vladimir Poutine officialise ce qui était redouté depuis plusieurs semaines. Les Ukrainiens autour de moi ont du mal à y croire, ils ont le regard dans le vide; l’inquiétude est palpable et le silence plombant, seulement entrecoupé par les sirènes d’alertes. Le 24 février, au lever du soleil, nous constatons que des milliers de familles sont en train de fuir l’est du pays. Il n’y a pas de panique mais les supermarchés, les banques, les stations-service sont prises d’assaut. En une nuit, le destin de ce pays et de son peuple vient de basculer." (VALENTIN DUNATE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

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