Le traitement éditorial de la séquence politique après les élections européennes

Dissolution de l’Assemblée nationale, question de l’abstention, analyse des programmes des partis, temps de parole du Rassemblement national : de nombreuses questions sont soulevées par les auditeurs depuis quelques jours.
Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
L'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron a été suivie en direct, partout en France. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

À la suite des élections européennes, la médiatrice de Radio France a reçu de nombreuses réactions de la part des auditeurs. Beaucoup d’entre eux ont exprimé leur point de vue sur le traitement éditorial de toute cette séquence politique. Pour leur répondre, Emmanuelle Daviet a invité Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.

franceinfo : Commençons par cette remarque d’un auditeur : "Pourquoi l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives est-elle reçue par vos journalistes comme une surprise totale et dans une sorte de sidération excitée ? Est-ce une fausse naïveté pour mieux dramatiser et mettre en scène l’information ?" 

Florent Guyotat : Très sincèrement, il n’y a pas de fausse naïveté. Juste une vraie surprise. On savait que le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, s’il gagnait les élections, demanderait la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’Emmanuel Macron allait accepter. On a commencé à avoir un petit indice lorsque, peu après 20h, l’Élysée a annoncé qu’il y aurait une allocution du chef de l'Etat. Cette allocution est arrivée, nous l’avons retransmise en direct aux alentours de 21h. Avant cela, très sincèrement, personne ne se doutait du scénario. La meilleure preuve, c’est que nous avons dû nous adapter : nous avions prévu de rendre l’antenne à minuit, or nous avons prolongé la soirée électorale jusqu’à 1h du matin parce que nous avons jugé que la situation politique était suffisamment importante.

Autre question fréquente : "Pourquoi les journalistes ne font pas une analyse approfondie du niveau de l’abstention lors des élections européennes ? Pourquoi personne n’en parle ?" Comment avez-vous traité cet aspect des élections européennes ?

Petit rappel : les chiffres de la participation en France pour les élections européennes, 51,5 %, ont été en hausse, c’est vrai et c’est ce que nous avons dit. Mais ils sont à relativiser, et nous l'avons aussi fait remarquer dimanche soir sur franceinfo. De nombreuses personnes ne sont pas allées voter, ainsi que le soulignait à l'antenne le politologue Mathieu Gallard, de l’institut Ipsos : "Engouement ? Le mot est peut-être un peu fort. Près d’un Français sur deux ne se mobilise pas, il n’y a donc pas un engouement massif. Mais c’est vrai qu’il y a une progression par rapport aux précédents scrutins, notamment 2004, 2009, 2014 où les taux de participation étaient faibles. Donc la tendance est très nette."

Pas de minimisation, donc, de l’abstention toujours très forte avec près d’un Français sur deux qui n’est pas allé voter. Cela s’est ressenti et entendu dans les reportages que nous avons diffusés dès lundi, comme dans celui de Benjamin Recouvreur : "Il y a aussi les endurcis de l’abstention – 'voilà des années que je ne vote pas' – comme Fabrice et Ouari, ouvriers de 50 ans, fatalistes et indifférents aux résultats de dimanche et à la dissolution : 'À chaque fois qu’on vote, on ne nous écoute pas. Donc ça ne nous intéresse plus de voter, c’est la conséquence de leur politique je-m’en-foutiste, en fin de compte.'"

Les programmes des candidats sont un vrai sujet de préoccupation des auditeurs. L’un d’entre eux écrit : "Vous avez un rôle important à jouer pendant cette campagne législative. Arrêtez de parler des propos polémiques et parlez-nous des programmes politiques. Vous avez le pouvoir d’éclairer les citoyens et nous vous écoutons avec la plus grande attention." Un autre ajoute : "Pourrions-nous profiter de cette élection très particulière pour que le temps médiatique soit consacré à la comparaison des programmes plutôt qu’aux commentaires des sondages d’intentions de vote ?" Avez-vous prévu le décryptage des programmes ?

Oui, dès la semaine prochaine sur franceinfo ! À partir de lundi, nous allons chaque jour décrypter les programmes des candidats avec des rendez-vous à 7h15 et à 13h40, autour des thèmes importants que sont le logement, le pouvoir d’achat, l’immigration, la sécurité, la santé, la culture, etc. Ce sera un décryptage avec des comparaisons. Au besoin des auditeurs, nous répondons par une volonté de nous intéresser aux programmes sur le fond.

Certes, ces derniers jours, sur franceinfo, nous avons beaucoup parlé des tractations entre les partis. Parce qu'avant de parler des programmes, il faut d’abord savoir qui les défendra, qui s’alliera avec qui, quel échiquier politique se dessine pour ces élections. Désormais, on a à peu près une vision de ce qui va se passer, donc place aux programmes, au décryptage, place au fond.

Il y aura aussi chaque jour, dans Le choix de franceinfo, une parole donnée à des électeurs qui livreront leur sentiment sur l'élection, leurs inquiétudes, leurs espoirs. Rendez-vous en Gironde et dans l’Yonne, au quotidien, avec nos reporters, à 6h40 et 8h10.

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