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Elsa Triolet, Maria Koudacheva et l’URSS

Sans en être toujours bien conscientes, la romancière Elsa Triolet et Maria Koudacheva, l’épouse de Romain Rolland, ont travaillé pour l’intelligence de l’URSS et la reconnaissance du stalinisme.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Il faut distinguer espions professionnels et agents d’influence. Contrairement aux premiers, les seconds ne reçoivent pas d’argent et n’œuvrent pas officiellement pour les services secrets. Elsa Triolet est-elle une espionne ? Elsa Triolet est beaucoup de choses, mais pas une espionne.

Elsa Triolet

Née à Moscou, Ella Kagan doit son nom à son mari, André Triolet, qu’elle épouse en 1919. Même si elle le quitte deux ans plus tard, l’écrivaine gardera le nom de famille de son premier époux. Cela ne l’empêche pas de devenir la muse d’Aragon, déjà engagé en faveur de l’Internationale Soviétique, qui devient son mari en 1939.

 

Elsa Triolet ne fait que soutenir son mari, mais ils adhèrent tous les deux à l’idéologie soviétique et prennent position en sa faveur. Le couple soutient le Komitern, mais dans une logique de choix entre Hitler et Staline. Pour Aragon, le stalinisme a sauvé l’humanité en faisant barrière au nazisme.

Maria Koudacheva

L’histoire de la princesse Maria Koudacheva est un peu plus complexe. Comme Elsa, elle est piégée par la férocité du siècle. Mais elle arrive à sortir d’un système stalinien totalement verrouillé : la jeune femme peut écrire facilement, communiquer facilement et circuler sans problème, au cœur même de l’URSS des années 1930 !

 

En la rencontrant, le grand pacifiste qu’est Romain Rolland devient prosoviétique. Maria Koudacheva lui traduit la presse et la littérature soviétiques. Elle passe des heures à lui parler de son pays. Puis ils se marient. Mais Romain Rolland est longtemps resté sceptique, avant d’être convaincu par sa jeune épouse. Et, malgré son état de santé, il est allé voir Staline en URSS en 1935, et y a vu "une figure de la raison" !

 

"Entre Hitler et Staline, il fallait choisir"

 

Vladimir Federovski se souvient de sa rencontre avec Maria Koudacheva. Antistalinien convaincu, l’ancien conseiller diplomatique et l’écrivain a demandé à l’épouse de Romain Rolland comment elle a pu soutenir Staline, à l’origine de la mort de 25 millions de personnes. Celle-ci a alors répondu : "Détrompez-vous. Les années vont passer et les Russes vont reconnaître que nous avons fait un bon choix. Entre Hitler et Staline, il fallait choisir ."

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