L'armée des ténèbres
Ces groupes paramilitaires palliaient dans bien des cas les carences de l'Etat en matière de sécurité. A leur actif, une multitude de services : filature, protection, transport d'argent, location de matériel particulier.
Ces milices disposent d'un arsenal acheté ou volé dans les casernes ou acquis à l'étranger : pistolets Makarov, Kalachnikov à crosse coupée, mini-Uzi israéliens, lance-roquettes RPG et lance-missiles portatifs SAM-7 ; ainsi que des véhicules rapides, des avions, des hélicoptères. Elles offrent leurs services aux hommes d'affaires, à la mafia et à l'Etat.
Leurs membres sont issus des services pléthoriques des anciens « organes de sécurité » du régime soviétique : KGB, GRU, Omon (troupes du ministère de l'Intérieur).
A la fin de l'ère Gorbatchev et au début de la présidence d'Eltsine, les parrains traditionnels (vori v zakone) étaient les rois de la sécurité privée. Ce fut à partir de 1994, qu'ils réorientèrent progressivement leurs activités dans les affaires, utilisant les milices de "sécurité privée" comme courroies de transmission et hommes de main.
Une forte implantation
Les milices prospèrent parce que les commerçants, les banquiers et les hommes d'affaires, russes ou étrangers, veulent être protégés. Dans les secteurs les plus rentables, les milices ont été si bien implantées qu'il a toujours été impossible, par exemple, de créer une entreprise touchant à la distribution de l'alcool ou du sucre, au jeu ou au pétrole sans être couvert.
L'argent ne manque pas, les profits des sociétés russes travaillant dans ces domaines délicats sont très importants et les forces légales russes n'ont guère les moyens de les combattre. Une loi fit obligation aux possesseurs d'armes légères de les enregistrer auprès des autorités. Si la police n'a saisi que quelques armes illégales et lance-grenades, elle indiqua que près de 200.000 personnes circulaient armées dans les rues de Moscou.
Leur orientation politique reste aléatoire car d'une part ces groupes ont été infiltrés par la police secrète, d'autre part ils travaillent pour des hommes d'affaires souvent en délicatesse avec le pouvoir.
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