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Les opérations "Compomat"

Une des spécialités du KGB était de compromettre les diplomates étrangers et les hommes politiques occidentaux en visite à Moscou en utilisant des appâts féminins ou masculins pour les séduire, en photographiant leurs ébats, puis en les faisant chanter pour obtenir leur "coopération". Les Russes appelaient cela les opérations "Compomat".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Vassall, employé homosexuel du bureau de l'attaché naval britannique à l'ambassade de Grande-Bretagne, avait-il été attiré à une réception organisée par le KGB. Peu après, on lui montra une liasse de photographies que l'on avait prises au cours de la soirée.  Trois clichés lui suffirent.

C'était à le rendre malade. La caméra l'avait saisi sur le vif, profitant pleinement de tous les divertissements sexuels, se livrant à des relations anales ou autrement compliquées avec plusieurs hommes à la fois.

Pendant les sept années qui suivirent et durant lesquelles il fut en poste à l'ambassade de Moscou, puis à l'Amirauté à Londres, Vassall livra aux Soviétiques plusieurs milliers de documents ultrasecrets portant sur l'évolution de l'armement de l'Angleterre et de l'OTAN, et sur leur politique navale.

La méthode W.C

La fréquentation assidue des toilettes publiques avait permis, à l'époque, le recrutement de l'influent député britannique Driberg.

Au lieu de se laisser entraîner dans un piège élaboré par le KGB, Driberg s'y enfonça lui-même. Au cours de son séjour à Moscou, il découvrit, à son grand ravissement, une « grande vespasienne » souterraine juste derrière le célèbre hôtel Métropole, ouverte toute la nuit, fréquentée par plusieurs centaines d'homosexuels slaves en quête d'aventures – tous debout, formant des rangées d'exhibitionnistes immobiles, un regard inquiet et aguicheur par-dessus l'épaule – et gardée par une vieille dame apparemment aveugle à ce qui s'y passait.

Si la préposée aux toilettes ne remarqua pas l'éminent visiteur britannique, un agent du KGB figurait évidemment parmi les partenaires moscovites de Driberg ce soir-là. Le lendemain, on présenta au député des « documents compromettants » sur ces rencontres, et il fut recruté sur-le-champ comme agent soviétique, sous le nom de code de "Lepage".

Après coup, l'intéressé expliqua son engagement par une "affinité idéologique" qui remontait à son appartenance au parti communiste dans son adolescence. Cet aspect – bien réel – avait cependant joué un rôle accessoire dans son recrutement, car l'essentiel fut le recours au chantage.

Pendant les douze années qui suivirent, Driberg servit de source d'informations confidentielles sur le bureau national du Parti travailliste britannique. Le KGB a d'ailleurs eu tendance à exagérer l'importance de son rôle au sein du Parti travailliste, surtout lorsqu'il en devint président, en 1957.

 

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