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Les poisons et l'espionnage

Le premier laboratoire de toxicologie, baptisé le cabinet spécial, fut créé dès 1921, sur ordre direct de Lénine. Sa tâche était de mettre au point de nouveaux poisons. Fin 1938, cet établissement fut placé sous l'autorité d'un scientifique réputé Maïranovski, dont les recherches ont permis de mettre au point divers poisons capables de tuer sans laisser de traces.
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  (© Maxppp)

Pendant la période stalinienne, les nouvelles préparations furent expérimentées sur des détenus

Ainsi, jusqu'en 1945, des dizaines d'hommes et de femmes furent transformés en cobayes. Le général Wrangel, héros de l'Armée blanche, fut empoisonné à Bruxelles dans sa propre maison, par son majordome, avec de la tuberculine introduite en cuisine dans son déjeuner.

Comme l'a affirmé la regrettée journaliste Anna Politkovskaïa, le KGB continuait à perfectionner non seulement les poisons, mais encore leurs modes d'ingestion. Cet organisme se présenta sous l'appellation de Laboratoire N°12 de l'Institut des nouvelles technologies spéciales du KGB. Quant à l'ex-agent Litvinenko (lui-même empoisonné),  il affirma publiquement à plusieurs reprises que ce laboratoire était toujours en activité, désignant son adresse à Moscou, rue des Héros Rouges.

D’après l'idéologue de perestroïka Yakovlev, il existait des indications sur la mort par empoissonnement d'une vingtaine de personnalités de tout premier plan de l'époque stalinienne, notamment  la veuve de Lénine. Staline ne portait guère cette femme dans son coeur.

De l'aide aux Bulgares

Les alliés de Moscou au sein du bloc soviétique, et plus particulièrement les Bulgares, se montraient beaucoup moins prudents que le Kremlin. Le plus célèbre auteur de l'émigration, Georgi Markov, se livrait régulièrement à des commentaires sur la corruption et les excès du régime de Sofia sur l'antenne bulgare du World Service de la BBC et sur Radio Free Europe. Il ridiculisait volontiers le leader communiste, lui reprochant son médiocre sens de l'humour, sa brutalité de policier de village, son penchant pour les phrases pompeuses et sa prétention à être un grand chasseur.

Le KGB se trouva mêlé à certaines actions spéciales de ce pays. Au début de 1978, le ministre de l'Intérieur bulgare lui demanda de l'aider à liquider Georgi Markov. Peu enthousiaste à l'idée de prendre des risques pour les Bulgares, Andropov se rendit finalement à l'argument selon lequel un refus constituerait un affront intolérable pour leur dirigeant. Mais, insista-t-il, il n'y aura pas de participation directe de notre part. Donnez aux Bulgares ce dont ils ont besoin, montrez-leur comment s'en servir et envoyez quelqu'un à Sofia pour former leurs hommes. Un point c'est tout.

Le KGB mit à leur disposition les ressources du laboratoire de poisons ultrasecrets. Héritier de la Kamera de l'époque stalinienne, il était sous l'autorité d'un spécialiste des poisons, qui fut chargé de la liaison avec les Bulgares.

 

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