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Le Vrai du Faux Junior répond aux questions sur les personnes trans dans le sport

Cette semaine, dans Le vrai du faux junior, nous répondons aux questions des élèves sur la place des personnes trans dans le sport.
Article rédigé par franceinfo - Antoine Deiana
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le CIO n'a pas encore rendu sa décision sur la participation ou non des athlétes russes et biélorusses aux JO 2024. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Les femmes trans ont-elles vraiment un avantage physique ? Est-ce vrai qu'elles seront exclues des Jeux olympiques de Paris en 2024 ? Faut-il créer une catégorie à part dédiée aux femmes trans ? Les élèves du collège André-Derain à Chambourcy (Yvelines) et ceux du collège Jules-Ferry à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) nous interrogent sur la question trans dans le sport.  

Nous répondons à leurs questions avec Béatrice Barbusse, vice-présidente de la Fédération française de handball, universitaire et sociologue du sport.

Les scientifiques ne sont pas d'accord.

Les élèves ont réagi aux propos tenus par le youtubeur Tibo InShape, connu pour ses vidéos sur la musculation et qui a déclaré que "quand on mélange le sport de compétition et trans, ce n'est pas normal, car une personne trans aura clairement un avantage physique".  

Pour rappel, d'abord, une personne trans ou transgenre, c'est quelqu'un qui vit ou qui souhaite vivre avec un genre différent de celui qu'il avait à la naissance, garçon ou fille. On parle du genre assigné à la naissance versus celui vécu. Et la transition de genre, c'est le processus qui amène une personne à ce changement de genre. Cela peut se caractériser par un changement d'état-civil, un nouveau prénom, un traitement hormonal ou encore des opérations.

Félix, en réaction à la vidéo de Tibo Inshape, se demande s'il est vrai "que d’un point de vue hormonal, une femme transgenre aurait un gros avantage physique."

Selon Béatrice Barbusse, "toutes les études scientifiques qui ont été faites sur ce sujet ne sont pas d'accord." Certains travaux disent qu'après une transition hormonale, les femmes trans perdent tout avantage, d'autres mettent en avant les avantages physiologiques des femmes trans même après leur transition. Donc, en l'absence de preuves, les instances sportives se sont appuyées sur le taux de testostérone dans le sang.  

Grâce à des hormones bloquantes, les femmes trans peuvent réduire ce taux de testostérone pour l'abaisser à un certain niveau réglementaire. Un protocole souvent très lourd à suivre. Béatrice Barbusse explique que "les femmes trans, quand elles suivent tout un protocole, elles perdent complètement leurs muscles et bien souvent leur performance sportive après la transition est très largement, inférieure aux performances sportives qu'elles pouvaient avoir quand elles étaient des hommes. "

Pas de femmes trans en athlétisme et natation aux JO 2024 à Paris

Alexis et Sovann qui se demandent s'il est vrai "que les athlètes transgenres pourraient ne pas participer aux JO de Paris 2024" et s'il est vrai "que ce sont seulement les athlètes transgenres de catégorie féminines qui sont exclues des JO".

Oui, c'est vrai, le 23 mars dernier la Fédération internationale d'athlétisme a décidé d'exclure les athlètes transgenres de la catégorie féminine, qu'elle entend "protéger", a annoncé son président Sebastian Coe. Le Comité international olympique qui aurait pu prendre une décision pour tous les sports, a préféré laisser cette responsabilité à chaque fédération internationale. Pour le moment, seuls l'athlétisme et la natation ont pris cette décision.  

Le président de la fédération internationale d'athlétisme, Sébastien Coe explique que "tant qu'on n'en sait pas plus, on n'est pas prêt à prendre ce risque, il s'agit de protéger la catégorie féminine".  

La question compliquée des catégories à part pour les sportives et sportifs trans

Marion et Alexis se demandent s'il "faudrait, comme le dit Tibo Inshape, créer des catégories spéciales pour les transgenres et s'il est vrai qu’une catégorie transgenre pourrait être créée et avec quelle incidence sur le sport ".

Pour Béatrice Barbusse "faire une catégorie à part c'est aussi quelque part exclure. " Elle considère que " tout cela est plutôt sain parce que cela interroge le monde sportif sur des choses sur lesquelles il ne s'était pas interrogé depuis plus d'un siècle." Enfin, elle pense que cela va obliger "le milieu sportif à s'interroger sur peut-être d'autres catégories que celles d'hommes et de femmes, avec des catégories qui sont liées simplement au poids, à la taille pour certains sports". Il faudra selon elle, "peut-être inventer d'autres catégories ou alors il faudra inclure toutes ces personnes. "

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