Lien entre les réseaux sociaux et la dépression, publicités anti-IVG sur les réseaux sociaux... Le Vrai ou Faux Junior
Est-ce vrai qu'il y a un lien entre dépression et réseaux sociaux, en particulier chez les jeunes filles ? Est-ce vrai qu'on retrouve encore des publicités anti-IVG sur les réseaux sociaux ? Les élèves du collège André Derain dans les Yvelines nous interrogent et nous leur répondons.
L'usage excessif des réseaux sociaux peut amener à des états dépressifs
Pénélope a lu "que 40% des filles qui passent plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux montrent des signes de dépression" et elle se demande si c'est vrai.
C'est ce qu'on lit dans une étude menée en 2019, par l'University College London et parue dans la revue médicale The Lancet.
Dans le détail, les auteurs ont croisé les données d'une vaste étude portant sur les habitudes de près de 11 000 adolescents âgés de 14 ans. Selon leurs conclusions, 38% des jeunes filles qui passaient plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux, montraient des signes de dépression, contre 14,5 % des garçons.
Pour Séverine Erhel, enseignante-chercheuse en psychologie cognitive, le problème ici étant l'utilisation excessive des réseaux sociaux. Elle explique qu'il y a "une étude de 2020 qui dit que le temps idéal de consommation du numérique est de 1 heure 19 minutes par jour." Elle précise qu'on commence "à avoir des effets négatifs à partir de deux heures." Enfin un temps "qui devient problématique, c’est-à-dire un temps où les parents remarquent des changements de comportement liés à la régulation des émotions ou à la sociabilité, pour la consommation numérique, c'est au-delà de cinq heures." Autrement dit, cinq heures de réseaux sociaux, chez les jeunes filles, c'est beaucoup trop.
Les études montrent aussi que ce lien entre réseaux sociaux et dépression, marche dans les deux sens. Leur utilisation excessive joue sur l'état psychologique des jeunes et dans l'autre sens, un adolescent dépressif, peut aussi avoir tendance à aller de façon exagérée sur les réseaux sociaux.
Les réseaux peuvent tout aussi bien avoir un effet positif ou négatif sur nos symptômes dépressifs ou même notre état dépressif, en fonction de la façon dont on les utilise. Séverine Erhel explique qu'il faut faire la distinction entre une utilisation passive ou active des réseaux sociaux. Une utilisation passive correspond au fait d'y aller sans interagir, juste en regardant ce qui est posté et l'utilisation active des réseaux sociaux indique le fait de poster des choses dessus tout en recherchant du soutien social.
Séverine Erhel précise qu'une étude de 2019, montre qu'une utilisation passive des réseaux sociaux va être liée avec des symptômes d'humeur dépressive, "c'est-à-dire que plus vous utilisez passivement vos réseaux sociaux, plus vous manifesterez des symptômes dépressifs et ce phénomène est encore plus important chez les jeunes filles". En revanche, l'enseignante-chercheuse explique "qu'une utilisation active, où l'on va rechercher du soutien social va réduire la détresse émotionnelle, donc si vous êtes sur les réseaux sociaux et que vous cherchez du soutien, que vous discutez avec d'autres gens pour parler de votre détresse, cela peut limiter l'ampleur de vos symptômes dépressifs."
Des publicités contre l'IVG sur les réseaux sociaux, dénoncées par la Fondation des femmes
Nathanaël se demande s'il est vrai "qu'il y a des publicités anti-avortement sur les réseaux sociaux".
C'est ce que révèle un rapport publié mercredi 17 janvier par la fondation des femmes, avec l'Institute for Strategic Dialogue. L'étude détaille notamment les tactiques utilisées sur YouTube, Facebook ou Instagram pour dissuader les plus jeunes d'avorter.
Pour rappel, depuis 49 ans et la loi Veil, l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse, est légale en France et depuis 2016, les sites qui font de la désinformation sur l'avortement, peuvent être pénalisés. Sauf que sur les réseaux sociaux on n'y est pas encore. Ce droit pour l'IVG est régulièrement la cible des militants anti-avortement, où ils redoublent d'imagination pour faire passer leurs idées aux plus jeunes. Floriane Volt, la directrice des affaires publiques et juridiques de la fondation des Femmes, qui publie cette étude, explique que ce rapport montre "que ces menaces sont sur les réseaux sociaux, où toute une mouvance d'acteurs anti-IVG cible les plus jeunes à travers des fausses informations, des contenus dissuasifs et cherchent à les convaincre d'idées anti-avortement."
Il s'agit de campagnes d'influence, de pages de désinformation qui se présentent comme des pages officielles et qui diffusent des informations qui ne sont pas vérifiables. Il y a aussi des publicités que certaines organisations anti-avortement financent à hauteur parfois de plusieurs dizaines de milliers d'euros, jusqu’à 40 000 euros par an nous dit l'étude. Si cela est possible, c'est que les plateformes ne jouent pas le jeu, explique Floriane Volt, parce que "les réseaux sociaux n'ont pas de politique, à l'exception de YouTube, visant à réguler ces contenus ou même pire, il les amplifie."
Seul YouTube dispose de règles claires pour lutter contre certains types de fausses informations sur l’avortement, mais l'institut qui a réalisé cette étude regrette que cela soit parfois mal appliqué.
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