Au village olympique, les athlètes ont-ils droit à des soins gratuits, payés par les Français ?

Selon le ministre de la Santé Frédéric Valletoux, les soins gratuits dont bénéficient les athlètes au village olympique de Paris 2024 "ne sont pas financés par l'Assurance maladie, mais pris en charge en intégralité par le Comité d'organisation". Cette affirmation est vraie, c'est une tradition bien ancrée dans l'histoire de l'olympisme.
Article rédigé par franceinfo - Antoine Jeuffin
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Publié Mis à jour
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Le village olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (RYOHEI MORIYA / YOMIURI SHIMBUN VIA AFP)

Les près de 9 500 athlètes qui résident au village olympique, au nord de Paris, ne paient pas leur nourriture, ni leurs soins. Or, certains sportifs et sportives s'étonnent de ne rien devoir débourser pour leur consultation chez un gynécologue, podologue, kinésithérapeute, ou encore dentiste.

La joueuse de rugby américaine Ariana Ramsey s'est par exemple réjouie, dans une vidéo publiée sur son compte TikTok, d'avoir fait un frottis sans rien payer. Certains internautes français lui répondent que ce n'est pas gratuit, que ce sont les Français qui paient. Un député LFI en profite même pour rappeler l'importance de la Sécurité sociale.

Mais jeudi 8 août matin, sur France 2, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux, a tenu à apporter des précisions. Il affirme que "c'est le Comité d'organisation qui prend en charge le financement, ce n'est pas l'assurance maladie". Il ajoute que cela " fait partie de la charte olympique, du cahier des charges, et dans chaque olympiade, il y a des soins gratuits pour les athlètes!".

L'affirmation du ministre est vraie. Ce n'est pas la Sécurité sociale qui paie, mais le Comité d'organisation qui règle la note de toutes les consultations réalisées dans la polyclinique du village olympique, qui s'étend sur 3 500 mètres carrés.

La structure fonctionne surtout grâce à des soignants bénévoles, près de 350. Seuls les chefs de service sont salariés de l'AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Or, Paris 2024 s'est engagé à rembourser à l'euro près toutes les dépenses directes et indirectes

La gratuité des soins pour les athlètes, une tradition des JO

Frédéric Valletoux a raison quand il dit que cette gratuité figure dans la charte olympique. Elle est inscrite au premier chapitre : "Le rôle du CIO est d'encourager et soutenir les mesures relatives aux soins médicaux et à la santé des athlètes".

Le principe est aussi écrit dans le contrat de ville-hôte, au chapitre 5. Le Comité olympique doit en effet fournir des services qui comprennent "toutes les mesures nécessaires et appropriées en matière de services médicaux et de santé".

La tradition de la gratuité des soins pour les athlètes à chaque olympiade remonte aux JO de Paris de 1924, confirme à franceinfo Thomas Bauer, historien du sport et professeur à l'université de Limoges. Il y a tout juste 100 ans, les participants s'installent pour la première fois dans un village olympique, à Colombes (Hauts-de-Seine), et là aussi pour la première fois, les organisateurs mettent à leur disposition des médecins, des kinés, des tables de massage.

En un siècle, l'offre de soins s'est étoffée. Pour les athlètes, c'est rassurant, et cela peut représenter une opportunité.

Jean-Loup Chappelet, professeur émérite de management du sport à l'université de Lausanne, raconte à franceinfo cette anecdote : après les Jeux de Barcelone en 1992, un docteur, membre du CIO, avait écrit une thèse sur les soins dentaires pendant l'olympiade. Il avait en effet constaté que beaucoup d'athlètes avaient consulté un dentiste au village olympique, en partie parce que dans leur pays, c'était trop difficile et/ou trop cher de voir un spécialiste.

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