Élection de Donald Trump : des électeurs démocrates incrédules véhiculent des théories du complot

Des milliers d'internautes américains affirment que 20 millions de votes n'ont pas été pris en compte dans la présidentielle américaine et appellent un recomptage des voix.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Certains partisans de Kamala Harris ont été frappés par le même déni des résultats du scrutin en 2024 que l'avaient été les pro-Trump après la défaite de leur candidat il y a quatre ans. (ANGELA WEISS / AFP)

"Trump cheated" (Trump a triché). Ces quelques mots ont été écrits plus de 90 000 fois en quelques heures sur le réseau social X mercredi 6 novembre au matin (heure de Paris), après l'annonce de la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, selon Newsguard, une start-up spécialisée dans la lutte contre la désinformation, interrogée par le magazine américain Wired .

Des milliers d'internautes demandent à Kamala Harris de ne pas reconnaître sa défaite, en utilisant les mots clés #DoNotConcedeKamala #Recount (recomptage, en français) ou encore en disant que "math isn't mathing", les comptes ne sont pas bons. Des dizaines et des dizaines d'internautes affirment d'ailleurs que 20 millions de votes ont disparu et n'ont pas été pris en compte, dans des publications sur X vue des millions de fois. Une quantité qui pourrait permettre, si tous ces votes étaient démocrates, à renverser le résultat du scrutin en faisant basculer certains États. D'autres trouvent aussi étrange que des États pivots – les swing states - aient, au même moment, élus un président républicain et un sénateur démocrate.

Donald Trump n'a pas triché

Pourtant, à ce jour, Donald Trump n'est pas accusé d'avoir triché. Les organismes chargés de surveiller l'intégrité de l'élection n'ont pas repéré de triche à grande échelle. Les 20 millions de votes qui auraient disparus, selon ces internautes, n'avaient tout simplement pas encore été dépouillés au moment où ils avaient regardé les résultats, mais ils l'ont été depuis.

Selon Wired, ce n'est que la deuxième fois que la désinformation vient des électeurs démocrates depuis le début de cette campagne pour la présidentielle aux États-Unis. La première fois, c'était en juillet lors de la première tentative d'assassinat qui a visé Donald Trump. Certains électeurs démocrates voulaient croire à une mise en scène.

Déni démocratique de certains électeurs démocrates

Il est donc assez inhabituel que les théories du complot émergent plutôt de la gauche de l'échiquier politique américain. Les observateurs et autres journalistes spécialistes de la lutte contre la désinformation sont plutôt habitués à ce que les fausses informations et les théories conspirationnistes proviennent des partisans de Donald Trump, voire de Donald Trump lui-même, qui a fait entrer les États-Unis dans l'ère de la "post-vérité" avec ses mensonges et ses célèbres accusations de "fake news" lors de son premier mandat à la Maison Blanche entre 2016 et 2020. 

Les jours qui ont précédé cette élection présidentielle, les partisans de Donald Trump, à commencer par le patron du réseau social X Elon Musk, avaient déjà commencé à mettre en place des théories du complot qui leur aurait permis de dénoncer le résultat de la présidentielle si leur candidat avant perdu. Mais, avec sa victoire, ils se sont tus. Il y a eu comme une pause dans la désinformation sur les réseaux sociaux, rapidement interrompue, donc, par des pro-Harris.

Finalement, certains partisans de Kamala Harris ont été frappés par le même déni des résultats du scrutin que l'avaient été les pro-Trump après la défaite de leur candidat en 2020. À la différence que Kamala Harris, elle, a reconnu sa défaite.

Baisse de la confiance dans les institutions

"Peu importe que les affirmations sans fondement sur des irrégularités dans le scrutin viennent de la droite ou de la gauche", commente Nina Jankowicz, l'ancienne spécialiste de la lutte contre la désinformation dans l'administration Biden, à Wired.

"L'impact de ces mensonges sur notre système est le même, continue-t-elle : les gens finiront par avoir moins confiance dans l'infrastructure de la démocratie, ce qui nous promet encore plus de désinformation et de désengagement de la vie politique. Ces baisses de confiance mettent des décennies à être réparées. (…) Nous devrions tous nous inquiétez de ces allégations, quelle que soit leur source."

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