Le vrai du fake. Des cornes de rhinocéros pour la bombe nord-coréenne et la mobilisation contre les vaccins obligatoires
Vrai ou fake ? Marie Colmant et Antoine Krempf passent au crible deux infos repérées sur le web et les réseaux sociaux.
Le vrai : des cornes de rhinocéros pour payer des missiles nucléaires nord-coréens
Après l'essai nucléaire nord-coréen, dimanche, la question du financement des missiles et de leur lancement reste une question importante, surtout quand on connaît les difficultés de la Corée du Nord à nourrir son peuple. Comment le pays fait-il pour trouver l’argent ? Une partie de la réponse se trouve dans la corne des rhinocéros. La Corée du Nord est très présente en Afrique, avec 11 ambassades en tout et à la clé quelques contrats : des usines d’armements au Congo, en Ethiopie, à Madagascar, en Ouganda, des constructions de bases militaires en Namibie et la livraison de missiles sol air au Soudan. Mais il y a beaucoup plus rentable : le rhinocéros, dont la corne est utilisée en Chine et au Vietnam pour ses vertus prétendument anti-cancéreuses et comme traitement contre l’impuissance.
Cette matière vaut plus que l'or : comptez environ 30 000 euros le kilo. C’est l’Afrique du Sud qui concentre le plus grand nombre de ces animaux, considérés comme une espèce en danger et dont le commerce est totalement interdit au même titre que l’ivoire. Or, depuis près de trente ans maintenant, l’ambassade de Corée du Nord à Pretoria, capitale de l’Afrique du Sud, est dans le viseur des défenseurs des animaux. Depuis des années, ils ont compilé les cas de dizaines de diplomates nord-coréens, qui, en cheville avec des braconniers locaux, acheminent, parfois personnellement, en faisant usage de leurs statuts de diplomates, des kilos d’ivoire et de corne de rhinocéros, via leurs différentes ambassades africaines. Ils obéissent ainsi aux directives de Pyongyang qui leur ordonne de trouver de l’argent pour la mère patrie.
Avec l’arrivée au pouvoir de Kim Jong Un, le trafic est passé à la vitesse supérieure. Ainsi, en mai 2015, le numéro 2 de l’ambassade à Pretoria été arrêté au Mozambique avec 100 000 dollars en liquide scotchés autour de la taille et 4,5 kg de corne. Valeur totale : autour de 250 000 euros sur le marché noir chinois. Sur plus de 30 prises de cornes de rhino opérées en quinze ans, 16 concernaient des Nord-Coréens. L’implication de la Corée du Nord dans ce commerce illicite est telle qu’elle a fait chuter le nombre de rhinocéros en Afrique du Sud : plus de 1 000 bêtes ont été abattues par des braconniers depuis janvier 2017. Il reste seulement 30 000 spécimens.
Le fake : les vaccins obligatoires sont-ils dangereux ?
À partir du 1er janvier prochain, il n'y aura plus trois mais 11 vaccins obligatoires pour les enfants. L'annonce suscite de nombreuses réactions avec des opposants très actifs sur les réseaux sociaux, malgré des arguments plus que contestables.
Le premier argument consiste à dire que la Suède a interdit les vaccins obligatoires. C'est en tout cas ce qu'affirment certaines vidéos postées sur YouTube. La Suède a effectivement rejeté l'obligation vaccinale. Le parlement suédois a voté contre une proposition de loi qui visait à rendre obligatoires les vaccins. En revanche, à aucun moment les élus suédois n'ont justifié leur refus en disant que cela violerait les droits constitutionnels ou que les vaccins sont dangereux. Le parlement suédois a suivi l'avis de l'Agence de santé publique suédoise qui estimait que la couverture vaccinale restait élevée et stable et que les maladies concernés par les vaccins recommandés étaient sous contrôle. Ce qui suggère que le public a une grande confiance dans le programme de vaccination.
Autre argument : le vaccin contre l'hépatite B peut vous rendre très malade. Des dizaines de messages font état d'une décision de la Cour de justice de l'Union européenne, qui reconnaîtrait après des années de polémique qu'il y a un lien entre la sclérose en plaque et le vaccin contre l'hépatite B. À l'heure actuelle, aucune étude scientifique sérieuse n'a prouvé ou confirmé un lien de causalité entre le vaccin contre l'hépatite B et la sclérose en plaque.
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a cependant bien rendu une décision sur le sujet en juin dernier. Cela concernait le cas d'un homme qui a contracté la maladie quelques mois après avoir été vacciné. Il en est mort. Sa famille a attaqué le fabriquant en justice et l'affaire est remontée jusqu'à la Cour de cassation qui a demandé à la justice européenne si, en l'absence de consensus scientifique, on pouvait ou non donner raison à la famille. La CJUE a estimé qu'un juge peut se prononcer selon sa propre liberté d'appréciation et pas uniquement sur la preuve certaine issue de la recherche médicale. Bref, il peut donner raison au plaignant à condition qu'il existe des indices graves, précis et concordants. En clair : c'est une précision juridique sur cette affaire mais aucun cas une preuve scientifique d'un lien entre vaccin et sclérose en plaque.
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