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Le vrai du faux. Attention à cette carte d'Ukraine relayée par Elon Musk

Le patron de Tesla a partagé une carte montrant le pays divisé lors d'anciennes législatives. Si cette carte est vraie, elle est très trompeuse. 

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Elon Musk le 29 août 2022.  (CARINA JOHANSEN / NTB)

Cette carte diffusée par Elon Musk montre l'Ukraine coupé en deux. L'Ouest est en rose, signifiant que les ukrainiens ont voté majoritairement pour le parti pro-européen, et l'Est est en bleu, c'est-à-dire majoritairement pour le parti pro-russe. Cette carte, qui montre donc un pays divisé, serait la preuve selon le milliardaire propriétaire de Tesla et de Space X qu'une partie importante de la population préfère la Russie.



Ce tweet d'Elon Musk a d'ailleurs été repris depuis par Moscou, comme l'a repéré nos confrères de 20 minutes et de Libération. Ce message est aussi très partagé sur les réseaux sociaux. 

Une carte vraie mais trompeuse 

Si cette carte et ces résultats sont vrais, sa diffusion est très trompeuse pour deux raisons. D'abord, parce qu'elle n'est pas du tout récente. La carte montre le résultat des élections législatives de... 2012. Et il y a dix ans, la situation en Ukraine était totalement différente d'aujourd'hui. La Russie n'avait pas encore annexé la Crimée, elle le fera deux ans plus tard, en 2014. Il n'y avait pas non plus de combat dans le Donbass. D'ailleurs, si on compare les résultats des législatives de 2012 aux dernières élections de 2019, le parti dit pro-russe est en très net recul dans l'Est du pays. 

>> Guerre en Ukraine : comment Elon Musk s'est aliéné l'opinion du pays en un tweet

Attention aussi à l'usage du terme parti "pro-russe" qui est l'autre point trompeur de cette carte parce qu'en 2012, la société ukrainienne est bien tiraillée entre d'un côté l'Union européenne et de l'autre Moscou. Sauf qu'à l'époque, voter pour un parti pro-russe ne signifiait pas que les électeurs souhaitaient faire sécession. 

"Quand on parle de 2012, on parle plutôt des relations des affaires, on parle plutôt d'un lien privilégié dans le transport d'hydrocarbure. On est dans des enjeux commerciaux et culturels classiques, explique Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences à Paris Nanterre et spécialiste de l'Ukraine. Il ne s'agit en aucun cas de mouvement politique séparatiste qui serait favorable par exemple à une annexion de la part de la Russie".

En clair, attention à une lecture trop simpliste de cette carte ancienne et datée  et qui ne montre rien de l'état de l'opinion en Ukraine aujourd'hui.

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