Le vrai du faux. Est-il vrai que "10% des plus riches provoquent la moitié des émissions de CO2", comme l'affirme Martin Hirsch ?
Martin Hirsch, l'ancien directeur de L'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), vient de publier un roman sur le changement climatique. Invité de France Inter lundi 8 mai, il a dénoncé la responsabilité des plus riches : "10% des plus riches, c'est vrai pour la planète et c'est vrai pour la France, provoquent 50% des émissions, alors que 50% des plus pauvres, donc la moitié du monde, ne produisent que 10 a 15% des émissions."
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Des chiffres issus d'un rapport d'Oxfam
Martin Hirsch a raison pour les plus riches. En revanche, les plus pauvres émettent encore moins que ce qu'il affirme, d'après une étude de l'ONG Oxfam, publié il y a presque deux ans, et qui a épluché et analysé les émissions de CO2 entre 1990 et 2015, que ce soit pour les déplacements (voiture, avion), mais aussi pour le logement ou encore les achats en général.
Le bilan sur cette longue période montre que ce sont bien les 10% les plus riches de la planète (un peu plus de 600 millions de personnes) qui sont à l'origine de plus de la moitié (52 % précisément) des émissions cumulés.
Est-ce pareil en France, comme le dit Martin Hirsch ? C'est quand même moins qu'à l'échelle de la planète, mais l'écart reste important puisque sur la même période (1990-2015), les 10% des Français les plus riches ont été responsables d'environ un quart des émissions cumulées de CO2, toujours d'après l'estimation d'Oxfam.
Les plus pauvres, premières victimes
A l'inverse, les plus pauvres pèsent très peu dans les émissions de gaz à effet de serre. La moitié la plus pauvre de l'humanité génère seulement 7% des émissions. Pour se donner un ordre d'idée, il faut imaginer qu'un peu plus de trois milliards de personnes a émis ces 25 dernières années deux fois moins de CO2 que les 60 millions les plus riches (soit 1% des habitants de la planète).
L'ONG Oxfam dénonce d'ailleurs une injustice, car ces habitants, qui vivent souvent dans les pays les moins responsables du réchauffement climatique, vont pourtant en subir, en premier, les conséquences.
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