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Le vrai du faux. La Russie continue-t-elle de s'enrichir malgré les sanctions européennes, comme l'affirme Jordan Bardella ?

Le président par intérim du Rassemblement national a estimé, dimanche, que la Russie "est noyée sous le cash". La cellule "Vrai du faux" a vérifié.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jordan Bardella, en juin 2022.  (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Malgré les sanctions européennes, prises après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Moscou continue de s'enrichir, estime Jordan Bardella. Le président par intérim du Rassemblement national était sur BFMTV dimanche 4 septembre : "On voit aujourd'hui que les sanctions énergétiques qu'on a prises contre la Russie sont beaucoup plus douloureuses pour le peuple français que pour la Russie, qui est noyée sous le cash. L'excédent commercial de la Russie a été multiplié par deux et ses revenus d'hydrocarbures ont augmenté de 40%." 

La Russie vend moins mais plus cher 

À première vue, Jordan Bardella a raison. Si on regarde les chiffres de ventes du gaz, du pétrole et du charbon, les pays de l'Union européenne ont dépensé près de 90 milliards d'euros depuis le début de la guerre. C'est ce qu'a calculé le Crea, un centre de recherche indépendant sur l'énergie, qui se base sur plusieurs indicateurs comme par exemple le transport maritime.  

D'après le Crea, la Russie, c’est vrai, a bien vu ses revenus augmenter malgré les sanctions, notamment grâce à la flambée des prix de l'énergie. Par exemple, en mai, les importations européennes baissaient de 15%, alors que les prix eux montaient de 60%, indique l'institut. En clair : Moscou vend moins, mais vend beaucoup plus cher. Pour compenser, la Russie a aussi trouvé des clients qui importent plus qu'avant. C'est le cas, par exemple, de la Chine ou de l'Inde. 

Le reste de l'économie russe souffre 

Sauf que derrière ces chiffres se cachent une autre réalité, plus contrastée. Si les ventes dans le secteur des énergies sont toujours élevées, ce n'est pas le cas du reste de l'économie russe qui subit notamment le reste des sanctions, comme par exemple les départs d'entreprises occidentales ou encore l'exclusion des banques russes du réseau Swift, qui facilite les transactions entre les pays. 

D'après le Fond monétaire international, le produit intérieur brut (PIB) de la Russie devrait chuter de 6% cette année, et de 3,5% l'an prochain. C'est moins que prévu mais cela reste une "forte récession", d'après le FMI. Il y a aussi un autre indicateur : l'inflation. Elle a bondi en Russie depuis les sanctions européennes : +15% en juillet sur un an. Des hausses de prix très fortes que les Russes n'avaient plus connu depuis 20 ans. 

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