Le vrai du faux. Non, un "regard appuyé" dans la rue ne sera pas puni d'une amende de 90 euros
Dans le cadre de l'adoption de la loi contre les violences sexuelles et sexistes, une rumeur relayée sur le web affirme que désormais un simple regard pourra être verbalisé.
Très présente dans le débat public, la question des violences faites aux femmes - et la défense des droits des femmes en général - s'accompagne d'une farandole sans cesse renouvelée de rumeurs et autres fake news. Nécessairement, l'adoption par les parlementaires de la loi contre les violences sexuelles et sexistes n'allait pas échapper à cette triste règle.
Aussi, on voit fleurir depuis quelques jours sur les réseaux sociaux l'affirmation selon laquelle, avec ce texte, un simple regard un peu trop appuyé dans la rue pourra valoir à son auteur une amende de 90 euros minimum. De quoi, pour ceux qui la propagent, crier à la mort de la drague, de la séduction à la française, voir, tant qu'à faire, des relations hommes-femmes dans notre beau pays.
Après l’excès de vitesse, l’excès de regard. À quand les radars ? Manquent encore les « sourires démesurés ». Parfaitement grotesque... pic.twitter.com/nOj3f81NgI
— Gabrielle Cluzel (@gabriellecluzel) 1 août 2018
Une loi qui verbalise les « regards appuyés » Mais ce pays part en c******. pic.twitter.com/IunSVVZFbt
— Youcef Ismaël (@CirtaYN) 30 juillet 2018
Sauf que cette "info" n'en est pas une, et qu'elle est totalement fausse, comme l'ont déjà noté nos confrères du Monde. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le texte de la loi, disponible sur le site de l'Assemblée nationale. A aucun moment, il n'est fait mention de "regards". Au contraire, dans la partie consacrée aux "outrages sexistes" (ce que l'on appelle communément le harcèlement de rue), on ne trouve pas une liste des actes répréhensibles, mais bel et bien une définition très générale :
Tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui, soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante
Loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistesSite de l'Assemblée nationale
Un flou volontaire, puisque contrairement aux délits routiers par exemple, des faits de harcèlement sont indissociables du contexte dans lequel ils se produisent, et ne sauraient être cantonnés à une simple liste d'interdits. La rumeur sur les regards, pour sa part, semble provenir d'une confusion autour d'une infographie disponible sur le site du secrétariat d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes. Sauf que ce document date d'une part de 2015 et d'autre part, n'a rien à voir avec le texte de loi, puisqu'il se contente de donner des exemples de comportements déplacés, sans évoquer une quelconque verbalisation. Pas de quoi décréter la mort de la drague, donc.
Stop aux #FakeNews ! Le projet de loi ne vise pas à sanctionner la drague, les regards ou les compliments.
— Secrétariat d’État chargé de l'Égalité FH (@Egal_FH) 1 août 2018
Il sanctionne les remarques à connotation sexiste et sexuelle, l’intimidation, se faire suivre, se voir demander 20 fois son n° de
La limite ? Le consentement ! #PJLVSS pic.twitter.com/E7OSxswcZ1
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