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Le vrai du faux. Non, un "regard appuyé" dans la rue ne sera pas puni d'une amende de 90 euros

Dans le cadre de l'adoption de la loi contre les violences sexuelles et sexistes, une rumeur relayée sur le web affirme que désormais un simple regard pourra être verbalisé.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Rozec
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Non, les regards appuyés ne seront pas punis d'une amande de 90 euros (CAPTURE ECRAN / TWITTER)

Très présente dans le débat public, la question des violences faites aux femmes - et la défense des droits des femmes en général - s'accompagne d'une farandole sans cesse renouvelée de rumeurs et autres fake news. Nécessairement, l'adoption par les parlementaires de la loi contre les violences sexuelles et sexistes n'allait pas échapper à cette triste règle.

Aussi, on voit fleurir depuis quelques jours sur les réseaux sociaux l'affirmation selon laquelle, avec ce texte, un simple regard un peu trop appuyé dans la rue pourra valoir à son auteur une amende de 90 euros minimum. De quoi, pour ceux qui la propagent, crier à la mort de la drague, de la séduction à la française, voir, tant qu'à faire, des relations hommes-femmes dans notre beau pays.

Sauf que cette "info" n'en est pas une, et qu'elle est totalement fausse, comme l'ont déjà noté nos confrères du Monde. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le texte de la loi, disponible sur le site de l'Assemblée nationale. A aucun moment, il n'est fait mention de "regards". Au contraire, dans la partie consacrée aux "outrages sexistes" (ce que l'on appelle communément le harcèlement de rue), on ne trouve pas une liste des actes répréhensibles, mais bel et bien une définition très générale :

Tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui, soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante

Loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes

Site de l'Assemblée nationale

Un flou volontaire, puisque contrairement aux délits routiers par exemple, des faits de harcèlement sont indissociables du contexte dans lequel ils se produisent, et ne sauraient être cantonnés à une simple liste d'interdits. La rumeur sur les regards, pour sa part, semble provenir d'une confusion autour d'une infographie disponible sur le site du secrétariat d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes. Sauf que ce document date d'une part de 2015 et d'autre part, n'a rien à voir avec le texte de loi, puisqu'il se contente de donner des exemples de comportements déplacés, sans évoquer une quelconque verbalisation. Pas de quoi décréter la mort de la drague, donc.

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