Le vrai du faux. Non, les grèves ne sont pas interdites dans les services publics allemands
Antoine Krempf passe au crible des faits repérés dans les médias et les réseaux sociaux. Aujourd’hui, François de Rugy, président de l'Assemblée nationale, affirme que la grève est interdite dans les services publics allemands.
"Personne n'a remis en cause le droit de grève, expliquait François de Rugy, invité de franceinfo jeudi 19 avril. Vous savez qu'en Allemagne, par exemple, on cite souvent l'Allemagne, en Allemagne, les fonctionnaires et tous les services publics n'ont pas le droit de grève. Bon, en France, c'est le contraire et c'est même dans le service public qu'il y a le plus de grèves."
La comparaison avec l’Allemagne est un grand classique. Mais il s’agit ici de vérifier deux choses. Commençons par l'Allemagne, où les fonctionnaires n'ont pas le droit de grève d'après François de Rugy. C'est un peu bizarre parce qu'il y a dix jours, une série de grèves touchait aéroports, gares et hôpitaux en Allemagne. Donc contrairement à ce qu'affirme le président de l'Assemblée nationale, on peut faire grève dans les services publics en Allemagne.
Mais François de Rugy n'a pas non plus totalement tort, puisque les fonctionnaires allemands n'ont effectivement pas le droit de faire grève : c'est la contrepartie, Outre-Rhin, pour bénéficier notamment de l'emploi à vie. Sauf que sur les 4,7 millions d’employés des services publics allemands, les fonctionnaires sont minoritaires : moins de deux millions de personnes pour quasiment trois millions d'employés avec un contrat de statut privé. Et ces derniers ont donc le droit de grève.
Donc pour résumer : les grèves sont possibles dans les services publics allemands mais pas pour les fonctionnaires. En tout cas pour l'instant. La Cour constitutionnelle fédérale est en train de plancher sur la question Outre-Rhin. Elle a été saisie par plusieurs professeurs fonctionnaires sanctionnés pour avoir fait grève et qui affirment que cette interdiction est contraire au droit européen. Réponse attendue dans les mois qui viennent.
Voilà pour l'Allemagne. François de Rugy affirme aussi qu'en France, il y a plus de grèves dans le public que dans le privé. Là-dessus difficile d'apporter une réponse précise et chiffrée. Pour le public c'est le ministère de la Fonction publique qui compte les grèves. Pour le privé, c'est le ministère du Travail. Et les deux n'ont pas la même façon de compter, notamment parce que côté privé on n'a qu'une estimation du nombre de grève. Ceci dit, ce ne serait si étonnant. Le fait est que le taux de syndicalisation est beaucoup plus élevé dans le public. Dans le privé, on utilise de moins en moins la grève ces dernières années comme moyen de lutte mais plutôt d'autres formes d'actions, comme des pétitions, des débrayages etc.
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