Michel Sapin dit-il vrai sur le chômage des jeunes ?
Faux.
Premier point : le chômage. Ce sont les statistiques de l'Insee qui corrigent le ministre du Travail.
Fin juin de cette année, 23,5 % des moins de 25 ans étaient sans emploi (métropole + outre-mer).
À l'automne 2010, ils étaient plus nombreux : 24,1 %. Et fin 2009, encore plus : 24,4 %. On retrouve même un taux identique à cette année, en métropole, à la fin des années Mitterrand, en 1994.
Entrons dans le détail, avec un tri par sexe.
Fin juin, 22,7 % des jeunes femmes étaient sans emploi. Elles étaient plus nombreuses début 2011, mais aussi en 2006, ou encore juste après le départ de la gauche du pouvoir, début 1996 : près de 25 %.
Pendant tout le premier septennat de François Mitterrand, le taux de chômage chez les femmes de moins de 25 ans aura été plus élevé qu'aujourd'hui. Ce qui n'était pas le cas chez les hommes, avec un taux sous les 18 %.
Un défi historique
Jamais ils n'auraient été aussi nombreux qu'aujourd'hui, si l'on en croit Michel Sapin.
Là encore, c'est faux. Mais en l'absence de statistiques officielles sur le sujet, c'est le tissus associatif qui nous renseigne et notamment l'AFEV, premier réseau d'accompagnement d'enfants en difficulté dans les quartiers.
Selon son directeur, Christophe Paris, le nombre de jeunes sans aucune qualification est plutôt stable : il tourne autour de 150.000. "Un niveau très haut, l'un des plus hauts de l'OCDE, mais il n'y a pas d'évolution majeure" : ils ne sont pas plus nombreux qu'il y a dix ans, explique Christophe Paris.
En revanche, "les jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification ont de plus en plus de mal à trouver une place dans le milieu du travail. Du fait de la crise (chaque poste est de plus en plus disputé, ndlr) et du niveau de technicité de plus en plus important demandé pour beaucoup de postes", poursuit le directeur de l'AFEV.
Et puis une tendance inquiétante se dessine, celle de l'échec scolaire à la fin du CM2 : il touche aujourd'hui 15 à 20 % des jeunes écoliers. Notre système scolaire produit de l'échec, et de plus en plus, promettant à ces jeunes soit un décrochage sans diplôme, soit une sortie rapide du système scolaire sans perspective d'emploi.
La France est donc face à un enjeu historique : elle va devoir augmenter le niveau global de formation, surtout si notre industrie veut sortir des produits plus pointus, afin de se relancer.
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