Paris 2024 : N'y avait-il aucun athlète français sous le seuil de pauvreté pour les Jeux olympiques, comme l'affirme Emmanuel Macron ?

Selon le président de la République, aux JO de Rio en 2017, "40 % des athlètes français vivaient sous le seuil de pauvreté. À Paris c'est 0." Cette affirmation est vraie.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des athlètes français au Stade de France lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques, le 11 août 2024. (LP/ OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

C'est une facette de la vie des athlètes olympiques qu'on connaît moins : la précarité économique. Mais selon le président de la République Emmanuel Macron dans une interview accordée à l'hebdomadaire L'Equipe, lundi 12 août, la situation financière des sportifs de haut niveau s'est beaucoup améliorée en sept ans. Il affirme ainsi qu'après les JO de Rio en 2017, "40 % des athlètes français vivaient sous le seuil de pauvreté. À Paris c'est 0."

Effectivement, aux JO de Rio en 2016, plus de 200 athlètes sélectionnés, soit 40% de la délégation, vivaient sous le seuil de pauvreté, qui était à 1 026 euros par mois en 2016, au moment de ces Jeux olympiques au Brésil. C'est qu'on apprend dans un rapport publié en juillet dernier par le ministère des Sports. Il est vrai aussi qu'aucun athlète de la délégation française n'était sous le seuil de pauvreté aux Jeux qui viennent de se terminer à Paris. C'est ce que confirme à franceinfo l'Agence nationale des sports, un organisme dépendant du ministère des Sports crée en 2019 pour accompagner les athlètes en vue justement des Jeux de Paris.

Beaucoup de sportifs de haut niveau ne sont pas professionnels

En effet, contrairement à ce qu'on pourrait penser, même à haut niveau, beaucoup de sportifs ne sont pas professionnels. Pour être sportif professionnel, il faut être salarié d'un club ou d'une fédération, c'est surtout le cas des sports collectifs comme le football, le rugby ou le handball, par exemple. D'autres sportifs sont aussi indépendants, notamment dans le tennis ou le judo, et ont des contrats avec des sponsors. Mais il s'agit seulement des plus connus d'entre eux. Les autres doivent travailler et parfois mener leurs études en parallèle des entraînements.

Pour autant, il existe des aides comme le statut de sportif de haut niveau, crée en 1984. Il est accordé tous les ans par le ministère des Sports sur demande et sur proposition des clubs ou des fédérations. Ce statut donne le droit à des aides financières, pour acheter du matériel, ou à des aménagements d'emploi du temps, pour, par exemple, suivre une licence en quatre ans au lieu de trois. Fin janvier 2023, ce statut concernait 16 242 sportifs selon l'INJEP, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire.

Des aides de l'Agence nationale du sport

Des contrats de travail spécifiques existent également, avec des aménagements pour permettre aux sportifs de consacrer suffisamment de temps à leurs entraînements. C'est ce qu'on appelle les CAE (convention d'aménagement de l'emploi) dans le secteur public. Ainsi, selon l'Agence nationale du sport, en 2024, l'armée emploie 237 sportifs de haut niveau en CAE. Ils sont également 64 dans la police, et  40 à l'Éducation nationale. L'équivalent de ces contrats aménagés existe aussi dans le privé, ce sont les CIP, contrat d'insertion professionnelle.

Depuis sa création en 2019, l'Agence nationale du sport attribue également des aides personnalisées aux meilleurs de ces sportifs de haut niveau, qui ont réalisé des performances notables à des compétitions internationales. Ces sportifs (5 388 selon l'INJEP) sont répartis en catégories selon leur statut et leur tranche d'âge : élite, relève, senior, ainsi que sportif en reconversion. Et parmi eux, l'Agence a aussi garanti jusqu'aux JO de Paris un revenu d'environ de 40 000 euros par an (soit environ 2 600 euros par mois) à 678 athlètes et parathlètes médaillables, qui font partie de la "cellule performance". Une façon de leur permettre de se préparer sereinement pour les Jeux, avant de revenir, pour certains, à la vie normale.

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