Vrai ou faux
Absentéisme dans la fonction publique : un nouveau rapport vient contredire le ministre Guillaume Kasbarian

Le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian veut augmenter le nombre de jours de carence dans le public, car l'absentéisme des agents de la fonction publique a augmenté. Sauf que, selon de nouveaux chiffres, leur absentéisme a en réalité diminué en 2023.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l'action publique, à la sortie du conseil des minsitres, le 13 novembre 2024. (SEBASTIEN TOUBON / MAXPPP)

C'est l'argument principal du ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, pour allonger le délai de carence pour les arrêts maladie des agents de la fonction publique. Il a constaté une "augmentation significative" des jours d'absence dans le public par rapport au privé. Guillaume Kasbarian a répété cet argument de plateau télé en studio radio au mois d'octobre. Par exemple, le 29 octobre, il dénonçait sur RTL "une augmentation significative de la moyenne de jours d'absence par agent qui est passée à 14,5, alors qu'il y a quelques années, on était à huit. C'était à peu près la même chose, privé-public, il y a quelques années. Aujourd'hui, on a une vraie divergence, il y a un écart qui s'est creusé entre le public et le privé".

À ce moment-là, les chiffres et les tendances donnés par le ministre étaient exacts. On les retrouvait notamment dans un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) et de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) publié en juillet et qui portait sur l'année 2022, comme le Vrai ou Faux l'avait expliqué au début du mois d'octobre. Mais depuis, de nouveaux chiffres sont sortis.

Le nombre de jours d'absence diminue

Le ministère de la Fonction publique, donc le ministère de Guillaume Kasbarian, vient de publier son Rapport annuel sur l'état de la fonction publique, qui comprend les données de l'année 2023. Et ces données contredisent en partie le ministre.

D'abord, non seulement le nombre de jours d'absence des agents de la fonction publique n'augmente plus, contrairement à ce que disait le ministre, mais il a même commencé à baisser. Il est passé de 14,5 à 12 jours d'absence dans une année, soit 2,5 jours d'absence de moins que l'année précédente.

Cela reste supérieur au nombre de jours d'absence dans le privé, qui a aussi diminué, passant de 11,7 en 2022 à 10,3 en 2023, mais l'absentéisme dans le public a ralenti plus vite que l'absentéisme dans le privé. Conséquence, l'écart entre public et privé diminue. En 2022, on comptait 2,8 jours de plus que les salariés du privé. En 2023, cela avait baissé à 1,7 jour. Ce n'est pas une grande baisse, mais l'écart tend tout de même à s'amenuiser.

L'écart public-privé expliqué par des "effets de structure"

Le rapport souligne que "la fréquence plus élevée des absences pour raison de santé dans la fonction publique que dans le secteur privé est en partie liée à des effets de structure", car il y a notamment davantage de femmes et de seniors dans le public que dans le privé, et que ce sont des personnes qui s'arrêtent davantage pour des raisons de santé. 

Par ailleurs, "la présence de métiers à forte pénibilité peut aussi contribuer à expliquer ces écarts. En effet, les conditions de travail (contraintes physiques, horaires de travail atypiques, risques psychosociaux, etc.) influent également sur les absences pour raison de santé". Si l'on regarde précisément les absences dans les différentes branches de la fonction publique, on constate en effet que les agents de la fonction publique hospitalière et de la fonction publique territoriale s'absentent plus de 14 jours par an, contre moins de dix jours pour les enseignants et les autres agents de la fonction publique d'État. 

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