Vrai ou faux
Un salarié sur trois est-il prêt à démissionner dans l'année, comme l'affirme Sandrine Rousseau ?

La députée écologiste affirme que "près d'un salarié sur trois imagine démissionner dans l'année". C'est vrai que plusieurs sondages vont dans ce sens. Dans les faits, les démissions augmentent depuis la pandémie de covid, sans atteindre un niveau inédit.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La députée Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) Sandrine Rousseau lors d'une manifestation à l'appel des associations et ONG de défense des immigrés et de la Confédération générale du travail (CGT), devant l'Assemblée nationale, le 11 décembre 2023. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les Français démissionnent-ils en masse ? D'après la députée écologiste Sandrine Rousseau, ils sont en tout cas nombreux à vouloir le faire : "Près d'un salarié sur trois imagine démissionner dans l'année, parce que son travail perd son sens, ou a une cadence infernale", a-t-elle affirmé sur Sud Radio. Vrai ou faux ?

Une hausse des démissions depuis la pandémie de covid, sans atteindre un niveau inédit

C'est vrai que plusieurs sondages vont dans ce sens. La députée écologiste, que nous avons contactée, s'appuie en particulier sur une enquête réalisée par OpinionWay pour la plateforme Indeed, et publiée en 2022, il y a deux ans. Quelque 35% des personnes interrogées affirment qu'elles n'ont jamais eu autant envie de démissionner. Près d'un salarié sur cinq y pense même souvent. Cela reste un sondage, c'est-à-dire du déclaratif, sur un échantillon de 1046 personnes, représentatives de la population.

Si l'on regarde les données statistiques, on constate une hausse des démissions depuis la pandémie de covid. Leur nombre a augmenté de 23% depuis 2019. En 2022, selon les derniers chiffres de la Dares, le service statistique du ministère du Travail, 2,1 millions de Français ont quitté un CDI, en démissionnant. En moyenne, plus de 5 400 employés démissionnent chaque jour en France.
Le phénomène reste toutefois limité quand on le rapporte à l'ensemble des salariés. Le taux de démission atteignait 2,7% en France au premier trimestre 2022. Un niveau similaire à celui enregistré juste avant la crise financière de 2008. Preuve que l'ampleur des démissions en France, même si elle est importante, n'est pas inédite.

Des explications conjoncturelles

Cette augmentation des démissions s'explique en partie par des raisons conjoncturelles. En période de reprise économique et quand le taux de chômage baisse, les démissions augmentent, parce que les opportunités se multiplient et que salariés n'ont pas peur de quitter leur emploi. Ils savent qu'ils vont en retrouver un. "La hausse du taux de démission apparaît donc comme normale, en lien avec la reprise suite à la crise du Covid-19", écrit la Dares. L'organisme constate d'ailleurs que les salariés démissionnaires n'ont pas quitté le marché du travail : ils ont cherché un autre emploi.

Les Français accordent aussi de plus en plus d'importance au sens de leur métier et à leurs conditions de travail, comme le note France Travail (ex-Pole Emploi) : "Les employés sont de plus en plus attentifs aux conditions de travail, aux perspectives de carrière, au niveau de salaire, et à l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Ils souhaitent donner du sens et de la valeur à leur activité professionnelle et ils n’hésitent plus à quitter leur entreprise si ces conditions ne sont pas satisfaites." D'ailleurs, le plus souvent, ceux qui démissionnent reprennent un emploi dans le même secteur, et sur le même type de poste. Ils veulent avant tout changer leurs conditions de travail.

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