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Y a-t-il 10 millions de Français non inscrits ou mal inscrits sur les listes électorales, comme l'affirme la députée Mathilde Panot ?

Selon la députée La France Insoumise du Val-de-Marne, l'abstention record constatée lors du premier tour des régionales pourrait en partie être expliquée par le très grand nombre de personnes mal ou non inscrites sur les listes électorales. Des chercheurs vont dans ce sens mais les chiffres restent à confirmer.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des bulletins de vote sont dans une urne au premier tour des élections régionales et départementales à Dinan (Côtes-d'Armor), en Bretagne, le 20 juin 2021. (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / AFP)

"On a quand même 10 millions de non ou mal inscrits dans notre pays", a déclaré la députée La France Insoumise du Val-de-Marne, Mathilde Panot, interrogée dimanche 20 juin, sur franceinfo à l'issue du premier tour des élections régionales. L'élue a avancé cet argument pour tenter d'expliquer l'asbtention très forte à ce scrutin. Les "non inscrits", ce sont des Français qui ont le droit de voter mais qui ne sont pas du tout inscrits sur une liste électorale, tandis que les "mal inscrits"' correspondent à des électeurs inscrits au mauvais endroit, c'est à dire sur la liste d'une commune dans laquelle ils ne résident pas.

Des chercheurs en sciences politiques travaillent depuis une quinzaine d'années sur cette question et ont effectivement mis en avant cette anomalie. En se basant sur les enquêtes sur la participation électorale de l'Insee, ces spécialistes ont pu établir qu'il y avait près de 13 millions de non et mal inscrits en 2017. Dans le détail, lors de la dernière présidentielle, il y avait selon eux, 7,6 millions de mal inscrits et un peu plus de 5 millions de non inscrits. Des chiffres en hausse par rapport à ceux que des parlementaires avaient déjà mis en avant en 2014 dans l'un de leur rapport sur les modalités d'inscription sur les listes électorales.

Un facteur très fort d'abstention

Selon ces chercheurs, l'essentiel de ces mal inscrits est constitué de jeunes diplômés et de cadres. Cette catégorie de la population est en effet souvent plus mobile que les autres, ils déménagent plus souvent et sont donc davantage sujets à une mal inscription. Peu d'entre eux font la démarche, pourtant nécessaire, de se réinscrire sur la bonne liste. Ainsi, en 2017, plus de 37% des 25-29 ans étaient des mal inscrits. Or, plus vous êtes éloigné de votre bureau de vote, plus vous avez de risque de ne pas vous y rendre. Les données de ces experts montrent qu'être inscrit dans une autre région que dans celle dans laquelle on habite augmente de près de 12 points les risques de s'abstenir.

Les parlementaires ont toutefois adopté une réforme de l'inscription en 2016. Elle prévoit notamment un allongement des délais pour s'inscrire sur une liste électorale et l'inscription automatique des personnes naturalisées françaises. Mise en œuvre seulement à partir de 2019, cette réforme n'a pas encore pu être évaluée. Ses potentiels bénéfices sur le nombre de mal inscrits ne pourront être mesurés, au minimum, qu'à l'issue de la présidentielle 2022 avec les données de la prochaine enquête participation de l'Insee.

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