James Bond revient dans "Solo", de William Boyd
Ian Fleming fut un véritable espion, au sein des services de renseignement de la Marine britannique pour laquelle il mena des opérations d'espionnage pendant la guerre. Une expérience dont il se servit pour bâtir ce personnage d'espion dont il publiera une aventure chaque année avec un succès énorme.
William Boyd est l'auteur d'Un anglais sous les tropiques . Avec lui, la suite de James Bond a pris des proportions assez énormes en Angleterre puisque les sept premiers livres ont été confiés dans des mallettes spéciales depuis un palace londonien à des hôtesses de l'air qui les ont acheminées en Jensen Interceptor, la voiture que Bond conduit dans ce nouveau roman, vers l'aéroport d'Heathrow où chacun des exemplaires a rejoint, en avion, une grande capitale, de Sidney à Cape Town.
Cette folie littéraire anglaise autour des espions, William Boyd l'explique ainsi : "Les Anglais excellent dans trois domaines : les tailleurs de bonne coupe, les dictionnaires et la trahison. Peut-être parce que nous réfrénons en permanence des émotions complexes, cela nous rend sensibles aux jeux du masque, de l'identité, de la duplicité. " Les espions, et parmi eux, au dessus d'eux, James Bond, évidemment, nous disent tout de la psyché britannique.
Ce Bond Boydien est très Bond, et très bon. Il respecte le kit bondien, c'était même l'une des conditions des héritiers de Ian Fleming : liberté d'invention, mais respect de la tradition. Mais la nouveauté, c'est que William Boyd a ajouté à James Bond ses obsessions à lui et notamment l'Afrique. Boyd est né au Ghana, a été adolescent au Nigéria, et a remarqué que James Bond n'avais jamais connu d'aventures se déroulant pleinement en Afrique. Il a donc décidé de parachuter 007 en Afrique, seul et sans smoking, dans une jungle hostile. On est en 1969, Bond prend du bon temps à Londres avec une actrice de série B et va se faire envoyer au Zanzarim, un petit pays d'Afrique occidentale en pleine guerre civile qui rappelle un peu le Biafra, avec en fond géopolitique une pluie d'intérêts pétroliers et de trafic de drogue. C'est au Zanzarim qu'une honorable correspondante, la très sexy Grace, va l'accompagner au cœur des ténèbres.
Une assez belle réflexion sur l'âge qui vient. Au début du livre, on découvre un Bond âgé de 45 ans, déjà plein d'expérience, et qui fait un cauchemar en forme de flash back terrifiant puisqu'il se retrouve à 19 ans, en pleine deuxième guerre mondiale, en plein débarquement de Normandie, en fait, tutoyant la mort. Quand il se réveille, après le cauchemar, il est dans une époque totalement différente, en plein Swinging London, avec mini-jupes et pantalons flashy. D'où un Bond assez décalé, assez troublé, assez tenté par la mélancolie.
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