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Kaboul Kitchen, pour commencer l'année en souriant

La deuxième saison d'une série est souvent la plus délicate à réussir pour deux raisons: d'abord elle ne bénéficie plus de l'attrait de la nouveauté, ensuite elle doit faire mieux que la première, le public attendant une amélioration liée à l'expérience passée. Kaboul Kitchen se tire bien des différents pièges tendus, en décalant son humour et en profitant du jeu volontairement exagéré de Simon Abkarian. Premiers épisodes le 13 janvier sur Canal+.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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L e drame serait qu'il n'y en ait pas et que tout se déroule comme prévu. Par chance, les choses prennent rarement le tour qu'on a prévu. Et c'est certainement pour cette raison que la comédie Kaboul Kitchen réussit à tirer son épingle du jeu en optant pour la farce outrée, la caricature qui se moque d'elle-même, l'exagération constante sans hypothéquer la solidité de la trame, malgré quelques passages manquant un peu de souffle.

Distinguée par lors du Fipa en 2012, la série de Jean-Patrick Benes, Allan Mauduit et Marc Victor réussit dans sa deuxième saison ce qu'on attend d'elle: proposer une histoire mieux maîtrisée et de meilleure qualité, mais surtout plus cohérente que la précédente. La saison un était surtout une succession de petits instantanés, de tranches de vie juxtaposées les unes à côté des autres plus que véritablement reliées entre elle.

La saison deux conserve le même théâtre, ressuscite les mêmes guignols, mais se révèle plus ambitieuse et surtout s'appuie plus fermement sur le tandem constitué par Jacky (Gilbert Melki), ci-devant tenancier du Kaboul Kitchen, un restaurant pour Occidentaux dans la capitale afghane, et par le colonel Amanullah (Simon Abkarian), ancien chef de guerre et narcotrafiquant.

Il s'agit de la principale force de ce deuxième chapitre, insister sur la relation entre Jacky et Amanullah, entre l'adepte de la débrouille horizontale et le type qui réfléchit d'une manière verticale. Après quelques déboires en saison 1, Jacky se voit autorisé à rouvrir son restaurant qui était le haut lieu des nuits arrosées de Kaboul, mais pour se faire, il est contraint de passer un pacte le satan yankee.

De son côté, Amanullah sait que conserver le pouvoir exige une attention de tous les instants et une ruse de bête sauvage. Cela exige aussi une aptitude hors du commun à s'adapter aux circonstances, à s'entendre avec tout le monde car l'autorité n'a pas de camp, sinon celui de l'homme qui l'exerce.

Personne n'est épargné

Simon Abkarian était très bon dans la première saison, il est encore une fois excellent - même si les scénaristes abusent un peu du procédé consistant à le faire déformer des expressions françaises. Parfois, c'est drôle et parfois moins. Gilbert Melki ne réussit pas tout à fait à être autre chose qu'un agité du bocal afghan, sauf quand il doit jouer les amoureux transi, ses meilleurs passages.

Les seconds rôles ont été mieux travaillés, avec l'idée de créer une symétrie entre les deux principaux protagonistes: chacun est père d'une fille qu'il ne parvient pas à gérer. Cela renforce encore l'aspect théâtral de la fiction qui est à coup sûr son point fort.

Les douze épisodes sont émaillés de références à des films ou des séries plus ou moins récents comme Zero Dark Thirty ou The Sopranos. Evidemment, on égratigne les dictateurs de tous poils, les humanitaires en quête de sensations fortes, les Américains bornés, les officiels loin des réalités du terrain et finalement les Occidentaux partis chercher au bout du monde ce qu'ils auraient pu trouver au coin de leur rue. Personne n'est épargné et c'est réjouissant.

Mention spéciale pour le personnage de Habib (Faycal Azizi), l'un des serveurs du Kaboul Kitchen, qui est vraiment le meilleur élément comique au point de mériter son "best of".

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